Les bactéries des machines à café pourraient permettre de créer du déca naturellement
Pour la première fois, des chercheurs ont mis en lumière le lien entre prolifération de bactéries autour des capsules de café usagées et l'activation d'un processus naturel permettant la dégradation du café pour devenir décaféiné.
L’action des bactéries contenues dans les machines à café avec capsules pourrait permettre de créer naturellement du décaféiné. Voilà la découverte faite par des chercheurs de l’université de Valence, en Espagne, dont l’observation des résidus de café amène à des conclusions prometteuses. Leur étude pourrait permettre de créer du café-décaféiné sans intervention chimique, en exploitant les bactéries qui se développent dans le réservoir des capsules de machines à café.
Pendant deux mois, les scientifiques ont relevé l’existence de différentes bactéries autour des filtres à café sur une dizaine de réservoirs. Cela amène à des mises en garde, d’abord, parce que la présence de bactéries peut entraîner des risques de contamination. Mais d’un autre côté, grâce à ces bactéries, les chercheurs évoque un éventuel procédé naturel de fabrication du décaféiné.
Une solution alternative aux procédés chimiques
Le décaféiné, en vente aujourd’hui, peut contenir des produits chimiques comme le dichlorométhane, à des doses infimes. Pour s’assurer de boire du déca naturel, il convient de rechercher les décaféinés marqués « sans solvant » ou biologiques. Car une des manières de produire du déca consiste à plonger les grains verts, placés à la vapeur au préalable, dans un bain de solvants avant torréfaction. L’autre méthode en cours, naturelle, fait passer les grains à la vapeur puis, dissoudre la caféine des grains par un bain où circule du dioxyde de carbone sous haute pression. Ce dernier procédé serait plus onéreux. L’étude de l’université de Valence ouvre la voie à de nouveaux procédés de dégradation du café.
Une solution alternative aux procédés chimiques
Selon la revue médicale Nature, dans laquelle a été publiée l’étude en novembre 2015, les chercheurs auraient mis en lumière une forte propension des bactéries à se régénérer et à réapparaître après nettoyage de la machine à café avec capsules. Ils recommandent alors de ne pas mélanger les filtres et réservoirs avec les autres parties de la machine pour empêcher tout risque de contamination.
Les scientifiques se sont appuyés sur dix machines Espresso, et ont analysé les déchets de cafés présents à l’intérieur du filtre à café. Deux mois durant, ils ont prélevé des échantillons du réservoir où s’entassent les résidus des capsules pour détecter comment se forme les bactéries. Le processus de colonisation, ainsi étudié, met en lumière une manière naturelle de créer du décaféiné.
Cette révélation demande à être confirmée par des études supplémentaires sur d’autres machines à café et extraits de communautés bactériennes. Une telle découverte sur le système microbien du café offre des perspectives de création d’un déca autrement que par les moyens industriels.
Les vertues antibactériennes du café
Cette prolifération de bactéries issue des capsules insérées dans les machines à café n’enlève rien du caractère antibactérien du café. La caféine est assimilée aux alcaloïdes végétales, une substance présente autrement dans le thé et les boissons énergétiques. Des propriétés antibactériennes proviennent de la caféine, un agent bio actif reconnu, en plus, pour son effet stimulant dans le système nerveux. Cet élément joue sur la capacité à mémoriser, améliore les performances sportives, tient un rôle préventif dans le cancer du sein, réduirait le diabète de type 2 voire allongerait la durée de vie. Ces effets positifs restent, cependant, à nuancer selon l’hygiène et le train de vie de chacun.