Kerlanic : cette communauté vit en autonomie en Bretagne

Kerlanic : cette communauté vit en autonomie en Bretagne
Kerlanic : cette communauté vit en autonomie en Bretagne
Par Juliette Labracherie publié le
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Depuis 8 ans, Audrey Reignaut vit au cœur de la Bretagne en totale autonomie. Débutée en famille, cette aventure regroupe aujourd’hui toute une communauté de personnes affranchies de la société de consommation. Bien qu’ils y mènent des jours heureux, la ferme autosuffisante de Kerlanic est aujourd’hui en danger.

Il y a maintenant 8 ans, Audrey décide de changer de vie, juste après la naissance de son dernier enfant. Lassée de la surconsommation et de ne pas voir ses enfants grandir, elle décide de renoncer à sa vie dictée par l’argent et le confort matériel. Pleine de courage, elle abandonne sa carrière de styliste et quitte la région parisienne pour vivre en autonomie.

Renoncer à une société encline au consumérisme

Après 20 ans de vie régie par l’urgence et l’instantanéité, elle achète une petite maison à crédit dans la campagne tourangelle. Son mode de vie change radicalement: elle apprend à cultiver son potager, achète des produits locaux et fait surtout beaucoup de rencontres. L’une d’elle lui parle “d’habitat alternatif”, un lieu intégré à l’environnement dans lequel on peut vivre de façon permanente et qui peut être mobile ou démontable. C’est une révélation pour Audrey qui décide, avec son compagnon, d’acheter une ferme en friche en Bretagne pour en faire une communauté autonome.

“Une prise de conscience sur la vie, sur la terre, sur l'humain. Pourquoi ? Je ne me l'explique pas, et ça ne s'explique pas… Je ne voulais plus vivre dans la frénésie du faire mieux plus vite, toujours plus vite.”


 Audrey installe son potager, des toilettes sèches et un compost de déchets. À Kernalic, il n’est pas question de gaspiller, tout se réutilise ou s’échange. Ils privilégient d’ailleurs l’échange et les produits locaux pour se nourrir.Après la séparation du couple, d’autres personnes ont rejoint Audrey dans cette même volonté de savoir vivre et d’agir autrement.

Un ferme devenue village

La communauté se construit autour d’une autonomie à la fois énergétique et alimentaire. Elle est indépendante grâce à l’énergie solaire stockée sous forme d’électricité dans des batteries récupérées sur d’anciens chariots élévateurs. Grâce à ces panneaux solaires, les habitants peuvent s’éclairer et faire fonctionner leur équipement. L’eau de pluie est filtrée et l’eau potable est prélevée directement depuis une source. Pour être encore plus autonomes, ils économisent les ressources et développent un système de machine à laver à propulsion humaine, une machine à pédale.

Le four à pain et le potager leurs permettent de pleinement se nourrir. La ferme repose avant tout sur la permaculture et l’élevage conscient : les poules apportent les oeufs, les chèvres leur donnent le lait et sont en totale liberté. Pas question d’aller à l’encontre de la volonté des animaux, la traite est effectuée manuellement et selon leur bon vouloir. L’immense terrain boisé leur permet de s’approvisionner en bois.

Un oasis en danger

Ce petit paradis au coeur de la Bretagne fait partie du mouvement Colibri et de leur projet Oasis. Cette association relie et soutient les citoyens engagés dans une démarche, qu’elle soit collective ou individuelle. Elle y prône l’accueil et l’ouverture sur le monde, l’agriculture, la mutualisation… Chaque personne peut alors trouver à la ferme le moyen de s’y ressourcer, d’aider et de participer au projet d’Audrey.

Pour sensibiliser un maximum, des chantiers sur l’écoconstruction, sur la permaculture ou la sobriété énergétique y sont organisés. Audrey prévoit aussi des portes ouvertes pour faire découvrir aux visiteurs sa nouvelle façon de vivre. Le festival “Terre d’Espérance” a lieu chaque été au mois d’août et propose des concerts, pièces de théâtres, débats, discussions et ateliers pour tous.

Cette ferme qui a pourtant l’air de bien se porter est aujourd’hui en danger. Bien que la communauté défende la gratuité et le prix libre et conscient, la gardienne des lieux souhaiterait acheter la partie du terrain appartenant à son mari. Seul problème, la banque refuse de lui prêter l’argent. L’anti-capitalisme ne peut pas porter ses fruits pour tout. Elle a alors mis en place un financement participatif pour convaincre ses financeurs de sa motivation et du potentiel de la communauté. 274 contributeurs ont soutenu Audrey jusqu’au 1er mars, ce qui lui a permis d’atteindre son objectif de 8000 euros avec succès.