L’alimentation des Français se dégrade (encore)
Les résultats de deux récentes études menées par l’Anses et le Crédoc démontrent une dégradation de l’alimentation des Français. En caricaturant, nous mangeons moins de légumes et plus de pizzas, car nous bougeons moins et passons de plus en plus de temps devant un écran.
Nos actes ont des conséquences et si notre santé est une priorité, alors nous devons accorder de l’importance à notre alimentation. Ce que les français font de moins en moins. C’est en tout cas le bilan issu de deux rapports importants sur la santé publique sortis cette semaine. Le premier a été diffusé par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) et montre une réduction de la consommation de fruits et légumes chez les adultes et les enfants. Cette réduction va de paire avec une augmentation d’achat de plats préparés.
Le second rapport nous vient de L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et confirme le fait que l’assiette des Français se dégradent en qualité : trop de sel, pas assez de fibre, plus de plats transformés, de compléments alimentaires, le tout expliqué par une urbanisation, une sédentarisation et une digitalisation de la société.
Moins de fruits et légumes
La dernière étude du Crédoc sortie le 11 juillet montre une diminution généralisée de la consommation de fruits et légumes. Un Français sur quatre seulement suivrait la recommandation officielle, à savoir manger au minimum cinq fruits et légumes par jour. Les plus touchés par ce phénomène sont les enfants, qui en mangent quatre fois moins que leurs grands-parents.
Chez les adultes, cette consommation est passé de 27% à 25% entre 2007 et 2017 avec un pic en 2010 à 31%. Les jeunes de 2 à 17 ans ne sont actuellement que 6% à manger correctement des fruits et légumes chaque jour.
L’étude a été réalisé entre l’automne 2015 et l’été 2016, sur des durées de sept jours consécutifs sur un peu plus de 3 000 personnes. Les auteurs de l’étude explique : “L’analyse montre qu’après une hausse entre 2007 et 2010, la crise économique a complètement effacé les gains. En 2016, malgré la reprise, on n’a jamais eu aussi peu de grands consommateurs de fruits et légumes.” Ils ajoutent : “Les modes de vie plus urbains des jeunes générations les conduisent vers un mode d'alimentation de plus en plus orienté vers la praticité et l'éloignement entre le domicile et le lieu de travail les incite à manger plus souvent hors de chez eux.”
Une alimentation qui se complexifie et s’industrialise
De son côté, l’étude de l’Anses entre davantage dans les détails en scrutant à la fois les apports nutritionnels bénéfiques et les expositions à des substances néfastes. Entre 2014 et 2015, elle a recueilli les habitudes alimentaires de 5 800 individus, à raison d’un, deux ou trois jours chacune. 13 600 repas ont été analysés pour un total de 320 000 aliments.
Le premier constat de l’étude est une mise en évidence de la disparité entre les sexes. Les femmes privilégient en majorité les yaourts et fromages blancs, les compotes, la volaille, les soupes et les boissons chaudes, tandis que les hommes apprécient davantage les produits céréaliers raffinés, les viandes et charcuteries, les pommes de terre, les fromages, les crèmes dessert et les boissons alcoolisées.
"Les compléments alimentaires ne sont normalement pas nécessaires dans le cadre d’une alimentation équilibrée et peuvent même se révéler risqués." Jean-Luc Volatier
Deuxième constat, adieu aux aliments simples et sains, bonjour aux produits industriels et aux aliments transformées. En effet, l’assiette des Français se remplit de plus en plus de sandwichs, de pizzas, de compotes, de glaces, etc. Une telle évolution a de fâcheuses conséquences sur la santé de part ce qu’elle induit. La quantité de sel absorbée augmente quand la quantité de fibre diminue. Alors un désordre nutritionnel apparaît et les compléments alimentaires sont de plus en plus à la mode, passant de 20 % à 29 % entre 2006-2007 et 2014-2015. Jean-Luc Volatier, adjoint au directeur de l’évaluation des risques de l’Anses s’alarme : “Ces produits ne sont normalement pas nécessaires dans le cadre d’une alimentation équilibrée et peuvent même se révéler risqués. Il faut être prudents, surtout lorsqu’ils sont vendus sur Internet.”
Sédentarité croissante et alarmante
Ces évolutions apparaissent alors que la société évolue. De nouvelles habitudes alimentaires s’inscrivent dans un contexte fragilisé par des habitudes de vie moins favorables à être en bonne santé : l’activité physique moyenne est jugée insuffisante et la sédentarité progresse de manière "alarmante".
80% des adultes et 71% des adolescents sont considérés comme sédentaires. Depuis sept ans, le temps moyen passé quotidiennement devant un écran pour les loisirs a explosé, passant de 2h45 à 3h05 chez les enfants et de 1h20 à 4h50 chez les adultes.
“La sédentarité est un problème préoccupant : elle joue un rôle dans l’apparition de certaines pathologies comme le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires, même dans le cas d’individus qui pratiquent trente minutes d’activité physique par jour, comme nous le conseillons”, assure Jean-Luc Volatier.
Il faut tout de même noter de nouveaux comportements qui, officiellement, posent de “nouveaux enjeux en termes de sécurité sanitaire”. A savoir, une prise en compte plus souple des dates limites de consommation, une augmentation de la consommation d’aliments autoproduits (potager, chasse, pêche, cueillette et eau de puits privés) et de protéines animales crues.
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