Deux nouveaux pesticides “tueurs d’abeilles” arrivent dans nos champs
Alors qu’on croyait être débarrassé des pesticides “tueurs d’abeilles” d’ici 2020, deux nouveaux produits à base de sulfoxaflore - appartenant à la classe des néonicotinoïdes - viennent d’arriver sur le marché et être autorisés par l’ANSES
Nous ne l'apprenons à personne, le rôle des abeilles dans notre écosystème est primordial. Toutefois, 80% de leur population a disparu en Europe en 30 ans. C’est la raison pour laquelle les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme contre ces deux pesticides nouvellement autorisés par l’ANSES.
Des abeilles en danger
Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides agissant sur le système nerveux des insectes, notamment chez pollinisateurs. En juillet 2016, la loi Biodiversité interdit l’usage complet des néonicotinoïdes en France d’ici 2020. Toutefois, une zone d’ombre persiste encore car la loi autorise le remplacement des molécules néonicotinoïdes par d’autres molécules, dont le sulfoxaflor. Pointé du doigt par l’association Pollinis, cette molécule tout aussi toxique que les néonicotinoïdes fait des ravages chez les abeilles.
« Alors que les pesticides néonicotinoïdes sont en passe d’être interdits en France et que le moratoire partiel européen est en cours de réévaluation à Bruxelles, l’industrie agrochimique a orchestré la relève, avec la complicité des autorités sanitaires, en ne classant pas cette molécule dans la catégorie des néonicotinoïdes, alors que son mode d’action et son impact sur les abeilles sont dramatiquement identiques », déplore Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS.
Closer et Transform sont les nouveaux produits fabriqués par la filiale Dow AgroSciences du groupe américain DowDuPont et présents sur le marché français. En effet, la Commission européenne n’a pas classé ces molécules comme “néonicotinoïdes”. De plus, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, qui vient d'autoriser cette substance, maintient que sulfoxaflor n’appartient pas à la famille des néonicotinoïdes. Toutefois, certains chercheurs déclarent que le mode d’action et la structure de la molécule est la même que les néonicotinoïdes. Les apiculteurs déplorent donc des conséquences similaires : une augmentation de la mortalité et des dysfonctionnements chez les abeilles.
« Alors que les pesticides néonicotinoïdes sont en passe d’être interdits en France et que le moratoire partiel européen est en cours de réévaluation à Bruxelles, l’industrie agrochimique a orchestré la relève, avec la complicité des autorités sanitaires, en ne classant pas cette molécule dans la catégorie des néonicotinoïdes, alors que son mode d’action et son impact sur les abeilles sont dramatiquement identiques », déplore Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS.
Le syndrome de l’effondrement des colonies d’abeilles, une sérieuse menace
Depuis plusieurs années le réchauffement climatique est reconnu comme étant l’une des causes principales de l'extinction des abeilles. Pour cause, le dérèglement des températures occasionne un désordre dans le processus de pollinisation des abeilles. Ces dernières se dirigent de plus en plus vers le colza et le tournesol, plantes traitées drastiquement aux néonicotinoïdes. Alors que la Commission européenne déclare que les pesticides n’ont pas d’impacts sur l'environnement, ni sur la santé humaine et animale lorsqu’ils sont bien utilisés, on assiste depuis quelques années au syndrome de l’effondrement des colonies d’abeilles liés à l'utilisation des néonicotinoïdes.
Dernière étude en date, l’analyse des chercheurs de l’Université de Neuchâtel en Suisse a révélé que 75% des miels dans le monde était contaminé aux pesticides. “Ces résultats suggèrent qu'une partie importante des pollinisateurs dans le monde sont probablement affectés par les néonicotinoïdes”, expliquent les scientifiques. Selon l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française), près de 300 000 ruches périssent chaque année et la production française de miel a été divisée par deux en 20 ans. En novembre 2016, The United States Fish and Wildlife Service (l’agence pour la protection des espèces en voie de disparition) avait même classé les abeilles comme espèce en voie de disparition.