Ces agriculteurs racontent l'impact des pesticides sur leur santé

Par Randy Compay publié le
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Voilà déjà de longs mois que le glyphosate est à l’origine d’un débat qui divise les États membres de l’Union Européenne et le monde paysan. Après des années de production intensive, ces agriculteurs ont décidé de raconter comment ils sont tombés malades et pourquoi ils n'utilisent plus le pesticide dans leurs champs.

Alors que l’ONG Générations Futures en a fait son cheval de bataille et que Greenpeace a remis à la Commission Européenne une pétition de 1,3 millions de signatures, les États Membres ne se sont pas encore positionnés sur l’éventuelle ré-homologation du pesticide le plus vendu au monde. Par ailleurs, des agriculteurs ont décidé de lever l’omerta et de raconter leur douloureuse histoire.

Glyphosate, un danger sanitaire à tout niveau

Herbicide le plus répandu au monde, 8000 tonnes de glyphosate sont déversées dans les champs. Utilisé principalement dans les cultures de céréales et de fruits, des traces de l’herbicide finissent par se retrouver dans les récoltes et nos assiettes. Classé “cancérogène probable” par l’OMS, le glyphosate constitue donc un réel danger pour la santé des consommateurs, mais pas seulement. Les agriculteurs en contact direct avec le produit sont les principaux exposés, et les conséquences à long terme sont d’une réelle gravité. Comme peuvent en témoigner les agriculteurs, le glyphosate est souvent responsable de leurs cancers.

Comme Dany Dubois dont les années de production en agriculture intensive l’ont mené à un lymphome (cancer du système lymphatique). “On suspecte fortement que ma maladie ait été liée à mon activité dans l’exploitation. Déjà à partir des années 70 j’y travaillais à mi-temps”, expliquait-il. Après avoir vaincu la maladie, il change radicalement de mode de production et se convertit au bio et au circuit court en 2007.  

En 2002, c’est Dominique Marchal qui poursuit l’État en justice en demandant réparation pour sa maladie. Cet agriculteur basé en Meurthe-et-Moselle souffre d’un syndrome myéloprolifératif, cancer reconnu comme maladie professionnelle. Mais en 2016, la cour d’appel de Metz annule sa demande d’indemnisation pour sa maladie liée à l’usage des pesticides.

Comme Dany Dubois dont les années de production en agriculture intensive l’ont mené à un lymphome (cancer du système lymphatique). “On suspecte fortement que ma maladie ait été liée à mon activité dans l’exploitation. Déjà à partir des années 70 j’y travaillais à mi-temps”, expliquait-il. Après avoir vaincu la maladie, il change radicalement de mode de production et se convertit au bio et au circuit court en 2007.  

“Pour moi, le glyphosate est le lien direct avec le lymphome que j’ai eu à traiter. Ça ne fait aucun doute. Je le dis, on est à la veille d’un scandale sanitaire majeur si on ne fait rien”

Même cas de figure pour Armel Richomme, 62 ans, qui a utilisé le produit pendant près de 18 ans avant de passer à l’agriculture biologique. En 2013, il développe un lymphome reconnu comme maladie professionnelle. En effet, plusieurs cas de lymphomes développés par des agriculteurs ont été reconnu comme “maladie professionnelle”, du fait de l’impact des pesticides sur leur santé. C’est ce que confie Elise Aucouturier, fille d’agriculteur décédé des causes d’un lymphome en 2016.

“En 2015 un expert de la MSA est venu auprès de mon père pour lui demander la liste des produits qu’il avait utilisés pendant sa carrière. … Ce sont l'atrazine et le glyphosate qui ont permis d’établir le lien et d’attribuer le statut de maladie professionnelle”

Que fait l’état pour interdire le glyphosate ?

Jugé “cancérogène probable”, l’herbicide devrait être retiré du marché mais dans combien de temps ? Telle est la question. Le dimanche 22 octobre, 54 députés de la majorité ont signés une tribune du journal Le Monde pour interdire le glyphosate le plus vite possible. Ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot se prononce pour une sortie du glyphosate dans trois ans, alors le ministre de l'Agriculture Stéphan Travers veut le maintenir au moins cinq ans.