Procrastination : Et si on arrêtait de remettre les choses à demain ?
Réviser pour un examen, s’occuper d’un dossier important, prendre rendez-vous avec la banque… Tous les jours, nous procrastinons. Nous remettons à plus tard ce que nous aurions pu faire le jour même. Le 25 mars, Journée mondiale de la procrastination, est l’occasion de mieux comprendre cette tendance et pourquoi pas, de parvenir à l’apprivoiser.
Associée à tort à la fainéantise, la procrastination peut devenir un véritable handicap au quotidien. Explications, idées reçues et conseils pour lutter contre la procrastination, Christèle Albaret, psychopraticienne et préparateur mental, nous révèle tout sur ce mécanisme ancré dans nos habitudes. La procrastination n’aura plus de secret pour vous, sauf si vous remettez la lecture de cet article à plus tard.
Comment explique-t-on scientifiquement la procrastination ?
Du latin « pro cras » (qui signifie à demain), la procrastination se manifeste par une difficulté de programmer ou d’organiser les tâches de notre vie quotidienne (personnelle ou professionnelle), par la difficulté de les réaliser (notamment dans les délais impartis) mais également par l’incapacité de prendre des décisions à temps, que ce soit des sujets mineurs ou majeurs. Il y a donc 4 familles de procrastination : dans la vie quotidienne, le travail, les prises de décision et dans les relations interpersonnelles (entre individus, ndlr).
La procrastination n’est pas la conséquence d’un dysfonctionnement dans notre cerveau mais plutôt la preuve de l’efficacité d’un mécanisme de défense. La procrastination est en quelque sorte une trouvaille de notre psychisme pour nous mettre en sécurité sans que nous n’en ayons la conscience.
Pourquoi a-t-on souvent tendance à remettre les choses au lendemain ?
La procrastination n’est pas un mécanisme conscient, il s’agit d’un processus psychique qui vise à nous mettre en sécurité, répondre à un besoin inconscient. C’est une sorte de processus « contre-intuitif » qu’utilise notre inconscient pour assurer notre sécurité :
- On peut procrastiner par peur de gagner
(réussir c’est s’exposer, prendre le risque d’être sollicité voir même envahi)
- On peut procrastiner par peur de grandir
(grandir c’est devenir autonome, quitter la dépendance parentale, être responsable)
- On peut procrastiner par peur d’échouer
(ne rien faire c’est s’assurer de ne pas décevoir)
- On peut procrastiner par peur d’être dépossédé de son désir
(ne pas faire comme acte des rébellions aux injonctions parentales)
Quelles sont les idées reçues concernant la procrastination ?
Penser que la procrastination est une maladie, que les procrastinateurs sont toujours en retard, paresseux ou je m’en foutistes, que ce sont des personnes mal organisées ou qui ont un problème de motivation.
Pourquoi a-t-on souvent tendance à remettre les choses au lendemain ?
La procrastination n’est pas un mécanisme conscient, il s’agit d’un processus psychique qui vise à nous mettre en sécurité, répondre à un besoin inconscient. C’est une sorte de processus « contre-intuitif » qu’utilise notre inconscient pour assurer notre sécurité :
Avez-vous des conseils ou astuces pour lutter contre la procrastination ?
L’objectif n’est pas de lutter contre la procrastination car je rappelle que notre inconscient en mettant ce mécanisme en place n’a qu’un seul objectif : nous mettre en sécurité. Or, si l’on veut combattre la procrastination, nous avons toutes les chances de renforcer le symptôme.
Pour agir, il faut travailler sur la prise de conscience des mécanismes et ensuite proposer des mécanismes plus adaptés à nos vrais besoins. Pour lever la procrastination, il est donc essentiel, dans un premier temps, d’identifier nos peurs dont la procrastination vise à nous protéger pour ensuite faire la lumière sur les besoins insatisfaits qui nourrissent cette peur.
Une étude du journal Les Echos révèle que la procrastination favorise la créativité. Selon vous, y'a t -il du bon dans la procrastination ?
Dans une société de plus en plus ultra-connectée et dans l’instantané, la procrastination pourrait être une option pour sauvegarder notre manque d’espace nécessaire à l’éclosion de notre désir de : ralentir, de créer, d’essayer. En bref, elle serait une sorte d’assurance vie pour notre processus de développement personnel et notre écologie personnelle.
Néanmoins, n’oublions pas que derrière la procrastination, il y a le plus souvent des besoins affectifs insatisfaits qui peuvent mettre le procrastinateur en souffrance. Derrière la procrastination se cache parfois des dépressions, de l’hyperactivité ou des troubles associés comme les Toc, les phobies… Toutefois, il est important d’agir pour répondre à nos besoins.