Produits pour cheveux crépus : un cocktail d’ingrédients toxiques
Un grand nombre de soins capillaires pour cheveux frisés et crépus seraient à éviter. Une nouvelle étude américaine révèle que la plupart des produits destinés aux femmes noires contiennent un concentré de perturbateurs endocriniens, ou de substances favorisant l’apparition de l’asthme.
Les soins capillaires destinés aux femmes et aux enfants aux cheveux crépus augmentent l'exposition aux perturbateurs endocriniens. Tel est le constat d’une nouvelle étude américaine. Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont étudié les compositions des références fréquemment utilisées par les femmes noires américaines. Ils ont ainsi testé 18 produits capillaires dans 6 catégories : traitement à l'huile chaude, anti-frisottis, revitalisant sans rinçage, stimulateur de racine, lotion capillaire et défrisant. "Nous avons testé 66 produits chimiques appartenant à 10 classes chimiques (filtres ultraviolets (UV), cyclosiloxanes, éthers de glycol, parfums, alkylphénols, éthanolamines, antimicrobiens, bisphénol A, phtalates et parabens)", indiquent-ils. Et les résultats sont plutôt inquiétants. Les produits analysés contenaient 45 produits chimiques classés comme perturbateurs endocriniens ou associés à l'asthme.
Un cocktail explosif de produits chimiques
La plupart des produits contenaient des parabènes, utilisés comme conservateurs, notamment dans les lotions pour cheveux. Le phtalate DEP, couramment utilisé comme solvant dans les parfums, a été retrouvé dans 78 % des produits capillaires. Plus inquiétant : les défrisants pour enfants ne sont pas épargnés par ces substances toxiques.
Tous les produits contenaient également au moins un parfum ciblés par les chercheurs. Par ailleurs, plus de 70 % des produits contenaient un ou plusieurs filtres UV, censés protéger les produits de la dégradation.
"Nous avons trouvé des nonylphénols dans 30 % des produits, et des antimicrobiens, du BPA, des éthanolamines, des éthers de glycol et des phtalates de plus haut poids moléculaire dans moins de 20 % des produits".
Si la présence de ces substances chimiques pose problème, les mélanges explosifs interrogent également les auteurs de l’étude, d’autant plus qu’il s’agit de soins utilisés régulièrement par les femmes. "L'effet des mélanges chimiques dans les formulations de produits et les expositions cumulatives de plusieurs produits doivent être pris en compte", indiquent-ils.
Shampooing, défrisant et lotion capillaire : un étiquetage trompeur
D’après les auteurs de l’étude, 84 % des substances chimiques détectées ne figuraient pas sur l'étiquette du produit. Pour les chercheurs, "l’étiquetage incomplet est inquiétant, celui-ci étant souvent la seule source d'information pour les personnes qui cherchent à réduire leur exposition à un produit chimique préoccupant".
Pour rappel, la Food and Drug Administration des États-Unis (FDA) exige que les ingrédients ajoutés intentionnellement dans les cosmétiques figurent sur l'emballage. Cependant, elle exempte les secrets commerciaux, les ingrédients considérés comme "accessoires", y compris les ingrédients ajoutés pour le traitement ou le masquage des parfums. Voilà qui laisse donc la porte ouverte aux dérives…
Des produits interdits par l’UE retrouvés
Au total, 11 soins capillaires contenaient sept produits chimiques interdits par la directive européenne sur les cosmétiques et/ou réglementés par la Proposition 65 de la Californie. Celle-ci oblige aux fabricants à indiquer la présence de substances chimiques reconnues dangereuses dans les produits de consommation.
"En plus des sept produits chimiques interdits dans l'UE, nous avons détecté 16 autres produits chimiques réglementés mais non interdits dans l'UE. Ceux-ci étaient conformes aux restrictions de l'UE, mais le méthylparabène se rapprochait le plus de la concentration maximale autorisée", expliquent les chercheurs.
Ces derniers soulignent par ailleurs, que l’Europe n'a pas interdit la benzophénone, jugé pourtant cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer. Néanmoins, en France, en 2011, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a émis un avis visant à limiter l'utilisation de benzophenone-3 dans les produits cosmétiques. On pourrait alors penser que les consommatrices françaises sont moins concernées par ces dangers. Toutefois, de nombreuses femmes se fournissent sur des sites marchands étrangers, ou dans des magasins ne respectant pas toujours les normes. C’est notamment le cas avec les crèmes éclaircissantes contenant de l’hydroquinone, pourtant interdit à la vente libre en France depuis le 1er janvier 2001.
Opter pour des produits naturels et sains
Une précédente étude américaine, publiée en août 2017 sur l’American Journal of Obstetrics and Gynecology avait déjà démontré que les produits cosmétiques destinés aux femmes noires ou métisses contenaient plus de substances dangereuses pour la santé. Pour les chercheurs, les fabricants et les industriels devraient adopter le principe de précaution. "Compte tenu des incertitudes entourant l'estimation des risques, une approche de précaution réduirait l'utilisation de produits chimiques dans les produits de soins et améliorerait l'étiquetage afin que les femmes puissent choisir des produits plus sûrs. L'utilisation de produits capillaires dépendant aussi de la nature des cheveux, et donc de l’origine ethnique, ces produits peuvent contribuer à l'exposition et aux disparités de maladie", précisent-ils.
En attendant, une solution s’offre aux consommatrices : opter pour des produits naturels et favoriser les recettes maison pour prendre soin de leurs cheveux, notamment ceux des enfants.
Source : www.sciencedirect.com, Measurement of endocrine disrupting and asthma-associated chemicals in hair products used by Black women