Polluants et conçus pour ne pas durer : les collants filent un mauvais coton
Certaines marques de collants sont dans le collimateur de l'association Halte à l'obsolescence programmée (HOP). En cause : la durée de vie trop courte des bas en nylon. D’après leur étude, "dans 72 % des cas, le collant ne dépasse pas six utilisations". Il y a donc des progrès à faire en la matière, d’autant plus que cet accessoire jetable est une vraie source de pollution.
A peine achetés aussitôt filés ! Porter des bas, c’est un peu le système D à toute épreuve et user de subterfuges : être à l’affût du moindre petit obstacle sur notre passage, rejeter notre plus fidèle animal de compagnie. Les as de l’organisation auront même sur elles du vernis transparent (bio de préférence) pour débusquer le moindre trou ou accro pour le combler instantanément. Eh oui, cela prête à sourire mais la fragilité de ces sous-vêtements laisse penser qu’ils sont fabriqués pour filer rapidement. C’est en tout cas ce qu’avance l'association Halte à l'obsolescence programmée (HOP), qui a réalisé un sondage sur la question auprès de 3000 personnes. Celles-ci devaient indiquer le type de collants qu'elles achetaient, leur durée de vie moyenne ou encore la raison pour laquelle elles ont jeté leur dernière paire. Sans surprise, le collant ne fait jamais long feu. Dans 40 % des cas, les femmes interrogées indiquent que leurs collants finissent à la poubelle après deux ou trois utilisations, essentiellement parce qu'ils ont filé ou sont troués. "A l'heure du collant-kleenex, on s'interroge. Le nylon serait-il à dessein fragilisé ?", s’interroge l'association.
Moins d’additifs chimiques… mais plus fragiles
Intitulé "Collants : cas d'obsolescence programmée ?", le rapport de HOP énonce plusieurs hypothèses de procédés industriels responsables de la moindre résistance des bas. En premier lieu le nombre moins élevé d’additifs chimiques utilisés, protégeant pourtant le fil. Selon l'association, les fabricants abaissent la qualité du nylon. Toutefois, elle ne peut le confirmer. "Pour en être complètement sûr, il faudrait un lanceur d'alerte qui soit en entreprise et qui nous dise ‘en effet, moi je mets tel dosage pour que ça résiste moins’", explique à l'AFP Laetitia Vasseur, déléguée générale et co-fondatrice de HOP.
Toutefois, si l’on en croit le documentaire d’Arte Prêt à jeter, sorti en 2010, rediffusé en mars 2018, c’est bien le cas. Dans ce reportage, l’essayiste et journaliste américaine Nicols Fox explique que son père a travaillé avant et après la guerre pour la société Dupont, le géant de la chimie, qui commercialisa le nylon en 1940. Prisés par les consommatrices, dès leur mise sur le marché, les bas étaient très solides. "Ma mère était ravie avec les premiers bas car ils étaient tellement résistants", explique la journaliste. L’une des séquences du documentaire montre même une voiture tractant une autre véhicule grâce à de simples collants en nylon. Une scène inimaginable aujourd’hui !
"Le problème c’est que ça marchait trop bien parce qu’ils étaient trop résistants. Les femmes étaient très contentes car ils ne filaient pas mais les fabricants en vendaient forcément moins", ajoute Nicols Fox.
Toutefois, si l’on en croit le documentaire d’Arte Prêt à jeter, sorti en 2010, rediffusé en mars 2018, c’est bien le cas. Dans ce reportage, l’essayiste et journaliste américaine Nicols Fox explique que son père a travaillé avant et après la guerre pour la société Dupont, le géant de la chimie, qui commercialisa le nylon en 1940. Prisés par les consommatrices, dès leur mise sur le marché, les bas étaient très solides. "Ma mère était ravie avec les premiers bas car ils étaient tellement résistants", explique la journaliste. L’une des séquences du documentaire montre même une voiture tractant une autre véhicule grâce à de simples collants en nylon. Une scène inimaginable aujourd’hui !
"Un chimiste allemand l'a affirmé et nous considérons avec nos experts que c'est tout à fait possible", explique l’association HOP. "On ne peut pas aller jusqu'à la dénonciation dans le cadre d'une procédure juridique aujourd'hui, parce que ce n'est pas comme une imprimante qu'on peut démonter nous-mêmes..." Dans le documentaire d’Arte, le professeur Michael Braungart déclare en effet qu’il est assez facile de réduire la durée de vie d’un collant, en réduisant le nombre d’additifs qui protègent le nylon des rayons de soleil et de l’oxygène.
Payer plus cher pour plus de qualité
Le rapport de l’association dresse également un classement des marques en fonction de la résistance des collants. Les marques de luxe arrivent en tête, tandis que celles produites par les grandes surfaces finissent en bas de la pile. Mais "aucune de ces marques, quel que soit leur positionnement prix, ne dépasse la note de durabilité de 3 sur 5 !", s'indigne l'association dans son communiqué. Sur le podium, on retrouve la marque Wolford (avec une note de durabilité de 3 sur 5, puis Bleuforêt (2,9/5) et Gerbe, ex aequo avec Calzedonia (2,7/5). Les marques de grandes surfaces et Golden Lady n’obtiennent que (1,6/5). Well fait légèrement mieux avec (1,9/5).
"Dim, malgré son ancienneté sur le marché, n’est pas capable d’atteindre la moyenne (avec une note de 2/5), tandis que H&M est loin d’être recommandable (1,9/5), tout comme Le Bourget, nonobstant un meilleur score (2,3/5)", précise l’association.
Cette dernière recommande de se tourner vers les collants reconnus par les consommatrices comme étant les plus durables. S’ils coûtent plus chers à l’achat, la cliente préfère mettre le prix pour avoir un produit de qualité. "Nos répondants déclarent dépenser environ 9 € en moyenne pour une paire de collants. Mais ils seraient prêts à monter jusqu’à 17 € (presque le double) s’ils ont la preuve que la paire 'durable' s’avère réellement plus résistante que l’offre actuelle".
Opter pour un collant éthique
HOP appelle l'industrie à rendre les collants plus durables mais aussi recyclables. "Le collant, ça n'a rien de très glamour, c'est un produit complètement issu de la pétrochimie", note Laëtitia Vasseur. D’ailleurs, on pourrait se réjouir du taux moins élevé d’additifs, réduisant pourtant leur durée de vie. La déléguée générale de HOP préconise, pour rendre les collants plus économiques et plus écologiques, d'inventer par exemple des collants fins "complètement biodégradables et compostables", qui ne dureraient pas mais pollueraient moins. Les collants plus épais devraient eux être renforcés pour durer encore plus longtemps. Car le collant jetable trop rapidement pollue la planète. Selon un article du NouvelObs, la confection d'une seule paire de collants nécessite près de 14 000 kilomètres de fils, 750 litres d'eau et énormément teintures allergènes. Or, près de 130 millions de paires de bas sont vendues chaque année en France et 8 milliards dans le monde… représentant des milliers de tonnes de déchets. Mis à part les collants en coton bio qui tiennent chauds, quelles alternatives pour les bas plus fins ? Linn Frisinger et Nadja Forsberg, originaires de Suède, ont par exemple lancé Swedish Stockings, un label de collants éthiques. Leur usine, basée en Italie produit un tissu éco-responsable.
Non seulement le nylon est entièrement recyclé, des filets de pêche sont récupérés pour extraire du polyamide et la teinture est hypoallergénique. De plus, les fondatrices ont développé une micro-bactérie capable de purifier instantanément l'eau utilisé pour la teinture des collants. Mais un problème réside : ces bas ne sont pas indestructibles, bien que plus solides que les modèles classiques. Les créatrices ont donc lancé un vaste programme de recyclage : elles incitent leurs clientes à expédier leurs vieux collants, peu importe la marque afin de les recycler.
De son côté, la marque Wolford, la plus appréciée des consommateurs selon le sondage de HOP, explore le concept de "cradle to cradle" (du berceau au berceau). Ce procédé intègre, à tous les niveaux de conception, une volonté écologique basée sur le "zéro pollution et 100 % réutilisable". Une fois conçu, le produit doit pouvoir être recyclé afin d’en produire un nouveau. Wolford a donc créé des collants véritablement issus de l’économie circulaire. S’il faut compter en moyenne 19 euros pour un collant fin, il s’agit certainement de la meilleure solution quand l’écologie nous colle à la peau.Sources :
AFP
Arte, documentaire Prêt à jeter, 2010
NouvelObs
Première Vision