Les enfants français trop longtemps nourris avec des bouillies
Les très jeunes enfants français sont trop longtemps nourris avec des aliments réduits en bouillie, ont affirmé lundi des scientifiques qui, au cours d’une étude, ont fait tester et apprécier des nourritures plus solides à des tout-petits.
En France, en matière d'alimentation, les parents tarderaient trop avant de proposer des petits morceaux à leur enfant. La bouillie reste encore le menu phare durant de longs mois. Or, selon des experts, "les enfants acceptent en petite quantité la plupart des textures à un âge plus précoce que ce que leur proposent généralement leurs parents à la maison". C'est en effet ce qu'indiquent dans un communiqué les chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Un constat dressé avoir réalisé une étude auprès de 49 enfants. Au départ, la moitié d’entre eux avait l'âge de six mois. Les autres étaient âgés d’un an. Sous contrôle de leurs parents, les chercheurs leur ont fait découvrir, pendant quatre à six mois, des aliments plus variés que l'éternelle bouillie généralement servie à la maison. "Purées lisse ou granuleuse, petits morceaux de légumes cuits ou crus, petits morceaux de viande, pâtes, muesli, morceaux collants (banane et brie) et petits plats bébé du commerce) ou un morceau (pain et biscuit) d'aliments de textures très variées", ont-ils détaillé.
Des purées granuleuses dès 6 mois ?
Les chercheurs ont observé que dès l'âge de six mois, "les purées granuleuses avec ou sans petits morceaux mous étaient très bien acceptées". Entre six et dix mois, "les enfants apprenaient progressivement à mastiquer, ce qui leur permettaient d'accepter de mieux en mieux des morceaux mous, collants et le pain". Enfin, "entre 12 et 18 mois, les enfants mastiquaient tous les aliments" et arrêtaient de les sucer, ont-ils précisé.
Ces travaux devraient amener à préciser les recommandations sur la diversification alimentaires, qui restent assez vagues aujourd'hui. Toutefois, en règle générale, les pédiatres conseillent de débuter les morceaux aux alentours de 8-9 mois. De plus, ces derniers recommandent de proposer les différentes textures (morceaux et purée) dans une assiette distincte pour éviter tout risque d’étouffement. Alors, cela est-il sur le point de changer ?
"C'est la première étude pour évaluer l'acceptation d'une vaste gamme d'aliments avec différentes textures lors de la petite enfance", selon les scientifiques, qui ont travaillé en collaboration avec l'industriel Blédina (groupe Danone) pour cette étude publiée dans la revue Food Quality and Preference.
Ne pas forcer l’enfant mais toujours lui reproposer un aliment rejeté
La principale auteure de l'étude, Sophie Nicklaus, a tiré de ses observations des enseignements pour tous les parents. Car il y a des moyens de faire apprécier les légumes. D'après cette biologiste et agronome, "les enfants apprennent à tirer plaisir des aliments à travers leurs premières expériences gustatives - à partir de leur exposition au goût, à l'apparence, à la texture et à la saveur des aliments sains (...) Et une fois qu'un enfant aime un aliment, cette préférence le suit dans sa vie adulte".
"C'est la première étude pour évaluer l'acceptation d'une vaste gamme d'aliments avec différentes textures lors de la petite enfance", selon les scientifiques, qui ont travaillé en collaboration avec l'industriel Blédina (groupe Danone) pour cette étude publiée dans la revue Food Quality and Preference.
En clair, pour faire aimer les légumes à ses enfants, cela commence très tôt. Faites donc preuve de persévérance et transmettez le plaisir de manger en famille. N'hésitez pas à user de subterfuges (une assiette colorée, des petites épices douces pour agrémenter le plat) afin de relever le goût et éveiller les papilles de vos bambins.
La nourriture solide aiderait les bébés à mieux dormir
Selon une récente étude britannique, publiée lundi 16 juillet dans la revue américaine JAMA Pediatrics, donner de la nourriture solide aux bébés leur permettrait de mieux dormir. En effet, de nombreux parents privilégient la nourriture solide avant six mois, dans l'espoir de mieux les faire dormir. L’étude conforte cette pratique mais affirme qu’elle ne résolve pas complètement les problèmes de sommeil des bambins. L’expérience a été menée sur 1.303 enfants de trois mois choisis entre 2009 et 2012 et suivis jusqu'à leur troisième anniversaire. Les parents de la moitié d'entre eux ont été encouragés à donner de la nourriture solide (poisson, blé, etc.) avant six mois, tandis que l'autre moitié des enfants devaient exclusivement être allaités durant cette même période. Résultat : les enfants qui ont mangé de la nourriture solide avant six mois dorment mieux et plus longtemps avec un pic de 16 minutes de plus. Un effet minime mais notable. Les scientifiques ne s’arrêtent pas là : exposer les bébés plus tôt à des aliments pouvant provoquer allergies (cacahuètes) pourrait également améliorer la qualité du sommeil des enfants… et des parents !