Dépression saisonnière : connaître les signes et la surmonter
A l’approche de l’hiver, vous faites grise mine. Vous êtes calfeutré chez vous et n’avez pas le moral. S’agit-il d’un coup de blues passager ou d’une dépression saisonnière ? On fait le point.
Chaque année, en automne, vous devenez plus triste. Faut-il y voir un simple coup de blues à l’approche de l’hiver ou le signe d’une véritable dépression ? "La dépression saisonnière est un concept parfois trompeur. S’il s’agit d’un épisode isolé et peu intense qui survient en automne ou en hiver et s’accompagne de fatigue, d’un repli sur soi, d’une tendance à trop manger, il s’agit davantage d’une baisse de moral ", explique le Pr Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Albert-Chenevier à Créteil et auteur de Vous êtes votre meilleur psy ! (Ed. Flammarion). Ainsi, avec la diminution des journées et la baisse de luminosité, on peut devenir plus amorphe, moins enjoué. "C’est un peu comme si on entrait en hibernation", poursuit le Professeur. Dans le cas d’un coup de blues hivernal dû à un manque de luminosité, il est recommandé de s’exposer à la lumière naturelle du jour ou de recourir à la luminothérapie, une lumière artificielle blanche imitant les effets positifs du soleil. Cela permet alors de palier les dérèglements de l’horloge biologique interne et d’être de meilleure humeur.
Une vraie dépression
Cependant, si cette tristesse survient systématiquement d’une année sur l’autre, à l’automne ou au printemps, et de manière plus sévère, il peut s’agir d’une vraie dépression. "Toute dépression est cyclique. Il y a des moments avec et d’autres sans. L’apparition se produit surtout à l’intersaison chez certaines personnes. Ce n’est pas simplement dû à la diminution de la luminosité car ça arrive aussi au printemps quand les jours rallongent", explique le Dr Alain Meunier, psychiatre et fondateur du Centre de la dépression à Paris. Il n’y a d’ailleurs pas de symptôme propre à la dépression saisonnière. Ce sont les mêmes que pour une dépression classique : sommeil perturbé, tristesse, fatigabilité, troubles cognitifs…
Comme pour toute dépression, il y a plusieurs facteurs possibles. Cela peut être causé par l’intersaisonnalité, un problème hormonal, un traumatisme, un caractère héréditaire… C’est au spécialiste, psychologue ou psychiatre, de poser un diagnostic entre une dépression saisonnière et une souffrance psychique causée ponctuellement par une difficulté de la vie. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), une personne sur cinq a souffert ou souffrira au cours de sa vie d’une dépression.
Un traitement adapté
Le psychiatre pourra proposer un traitement sur-mesure pour combattre cette dépression saisonnière. "Il y a deux façons de réparer : soit en administrant des antidépresseurs soit, pour les malades y résistant, en proposant des séances de stimulation magnétique transcrânienne. On stimule alors les neurones par des ondes pour modifier leur activité. C’est sans effet secondaire", précise le Dr Meunier. Une dizaine de séances, indolores, de 20 à 30 mn sont alors nécessaires.
La luminothérapie en prévention
Ces traitements peuvent être avantageusement complétés par une thérapie comportementale et cognitive (TCC) qui va combattre les conséquences liées la dépression. La luminothérapie est également une bonne aide supplémentaire. Elle va, en effet, agir sur certains facteurs pour empêcher que ne survienne cette dépression. Son rôle préventif devrait vous aider à limiter vos baisses de moral.
- Interview du Pr Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Albert-Chenevier à Créteil (94)