Après plusieurs intoxications, un pesticide présent dans la mâche a été suspendu
Un arrêté publié ce vendredi dans le Journal officiel a annoncé l’interdiction d’un pesticide controversé. Après de nombreuses intoxications, l’utilisation du métam-sodium, adopté notamment par les producteurs de mâche, a été suspendue jusqu’à fin janvier.
“L’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active "métam" ou "métam-sodium" est suspendue jusqu’au 31 janvier 2019”, signale un arrêté publié le 26 octobre dans le Journal officiel.
Plus de 60 personnes affectées
En Maine-et-Loire, plus de 60 personnes ont été exposées aux dangers de ce produit décrié, provoquant notamment des irritations des voies oculaires et respiratoires. Des cas d'intoxication ont également été relevés en octobre dans la région d'Angers. Un scénario qui s’est ensuite répété dans les communes voisines.
"Les 200 exploitations du département seront contrôlées dans les semaines à venir", a annoncé la préfecture de Loire-Atlantique. Alors que celle-ci a décidé de renforcer les contrôles auprès des maraîchers, le département voisin du Maine-et-Loire a opté pour la suspension de l'autorisation du métam-sodium.
L'arrêté de suspension fait référence à des manquements supposés à la réglementation, "associés à des conditions climatiques exceptionnelles rendant les sols trop secs et trop chauds pour son application sans risques". Un enjeu de taille pour la région nantaise qui représente ainsi "90 % de la production française" de mâche, selon Dominique Visonneau, président de la coopérative Océane, qui rassemble une quarantaine de producteurs. Le métam-sodium "n'est pas un traitement sur la mâche, c'est un traitement du sol", explique le maraîcher, craignant pour l’image de la salade.
Vers une interdiction définitive ?
Selon Matthieu Orphelin, député LREM, cette interdiction constitue “une sage décision pour la santé des agriculteurs et des citoyens”. Il précise que la nécessité serait désormais d’accompagner “les acteurs dans le déploiement rapide des alternatives existantes”. Et ajoute : "On sait faire de la mâche en agriculture bio sans utilisation de produits aussi dangereux".
Le métam-sodium fera l’objet de travaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) qui devra se prononcer fin novembre. "Les résultats des investigations menées sur les événements récents seront pris en compte", a-t-elle affirmé, indiquant que la substance était autorisée au niveau européen jusqu'en 2022.
La préfecture de Loire-Atlantique a, quant à elle, garantit qu’une décision nationale était “attendue dans les tous prochains jours".
Selon Yves Lepage, président de l’association Sauvegarde de l’Anjou, affilié à la fédération France Nature Environnement, "les conditions pour appliquer le métam-sodium sont nettement plus sévères, donc je considère que le métam-sodium est plus dangereux que le glyphosate", qui, contrairement à ce pesticide, ne provoque pas de problèmes immédiats “mais c'est surtout par accumulation qu'un jour ou l'autre, se déclenche un cancer ou autre chose”. Yves Lepage estime que la France devrait, à l’image d’autres pays de l’Union européenne, interdire définitivement cette substance. L’association qu’il préside a décidé de porter plainte contre X auprès du parquet d’Angers pour réclamer l’identification des responsables du mauvais épandage. Une enquête préliminaire a été ouverte et “la totalité des personnes victimes de cette légère intoxication ont été auditionnées”, a affirmé le procureur du tribunal d’Angers.
En attendant, l’ONG Générations Futures appelle à l’interdiction définitive de ce pesticide nocif. Dans un communiqué, l’association dénonce la décision tardive du gouvernement d’interdire ce produit “suspecté d’être cancérigène et toxique de la reproduction et du développement par l’US-EPA aux Etats-Unis”. Si l’association se réjouit de l’arrêté ministériel qui suspend l’emploi du métam-sodium, elle déplore cependant “l’utilisation de cette substance dangereuse depuis de nombreuses années.”