Fast fashion : les ouvriers bangladais congédiés après avoir fait grève
Le début du mois de janvier a été marqué par une forte mobilisation des ouvriers du textile au Bangladesh. Après plusieurs jours de grève pour demander une revalorisation salariale, des centaines de travailleurs ont appris leur licenciement de retour au travail...
Depuis plusieurs jours, des milliers d’ouvriers du textile manifestaient au Bangladesh. Leur requête : une revalorisation des salaires plus importante pour les salariés intermédiaires. Très suivie, cette mobilisation a entraîné la fermeture temporaire d'un bon nombre d'usines.
Le 13 janvier dernier, Sana Shaminur Rahman, un responsable de la police, expliquait à l’AFP que "52 usines, pour certaines importantes, [avait] cessé leur activité à cause des manifestations."
Un mouvement émaillé de heurts. Selon Aminul Islam, un dirigeant syndical, les propriétaires des usines ont fait usage de la force contre les grévistes. Mais ces derniers "sont plus unis que jamais", avait-t-il dit à l’AFP, soulignant qu’ils "ne quitteront pas la rue tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites". Comme la police l’a précisé, elle a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour disperser la foule dans le district de Dacca, là-même où s’était effondré, en 2013, le Rana Plaza, bâtiment qui abritait les ateliers de confection de plusieurs grandes marques. Plus d’un millier de personnes sont décédées suite à ce drame, illustrant les dérives de la fast-fashion et le manque de considération des conditions de travail des ouvriers.
Entre 400 et 750 personnes licenciées
Les travailleurs du Bangladesh font partie de la main d’œuvre très bon marché pour les grandes marques. Les plus mal payés ont vu leur salaire augmenté d’un peu plus de 50 % ce mois-ci, atteignant désormais 8 000 takas (83 euros) mensuels. Mais les ouvriers intermédiaires se plaignaient de n’avoir perçu qu’une infime revalorisation salariale.
Dimanche dernier, le gouvernement leur a proposé une hausse des salaires, après une rencontre entre dirigeants d’usines et syndicats sonnant le glas du mouvement. Seulement voilà, au moment de retourner travailler, certains ont déchanté. Jeudi 17 janvier, Libération a rapporté qu’au moins 750 ouvriers de plusieurs sociétés du centre textile d'Ashulia, banlieue industrielle de la capitale Dacca, ont vu leurs nom et photo placardés devant les locaux de leur employeur, listant les personnes renvoyées. De leurs côtés, la police et un haut responsable d'usine avancent un chiffre presque deux fois moins élevé (400 personnes congédiées), qu’ils justifient par les actes de vandalisme perpétrés par ces ouvriers durant la grève.
Des petites mains surexploitées pour la fast fashion
L'économie du Bangladesh repose principalement sur l'industrie textile. H&M, Primark, Carrefour et bien d’autres ont installé leurs ateliers dans ce pays comptant près de 165 millions d'habitants. Aujourd’hui, les ouvriers travaillent sans relâche dans les 4 500 ateliers du pays confectionnant les collections massives de vêtements de marques mondialement connues. A quel prix ?
- Le Monde
- Liberation