Allier plaisirs de la table et alimentation saine : le défi des restaurateurs
Manger plus sain et plus local sans renoncer aux plaisirs de la table : restaurateurs et hôteliers doivent s'adapter aux exigences multiples et parfois contradictoires, d'une nouvelle génération de consommateurs.
Le "mieux manger" est au cœur du salon Sirha de Lyon où sont attendus, du 26 au 30 janvier, quelque 200.000 visiteurs dont 25.000 cuisiniers, et qui verra se dérouler 24 concours dont le célèbre Bocuse d'or et la Coupe du monde de la pâtisserie.
Préserver l’environnement et la santé
"Les nouveaux consommateurs âgés de 20 à 35 ans sont préoccupés par leur santé, leur bien-être, ont des intolérances alimentaires, des allergies, des maladies et s'ils n'en ont pas, sont sensibilisés par ceux qui en ont" explique à l'AFP Marie Odile Fondeur, directrice générale du Sirha.
"Ces 'millenials' veulent une offre qu'on a appelée 'green', c'est-à-dire des produits bio ou issus de l'agriculture raisonnée, des produits de circuits courts, de saison, locaux et le plus frais possible", dit-elle.
Afin de répondre à cette demande croissante, est né un autre événement, le "Sirha Green", dont la première édition a eu lieu en juin 2018. Mais lors du traditionnel Sirha qui s'ouvre samedi et réunira 3.000 exposants -pour "pousser les professionnels qui en ont besoin, à y aller" dit Mme Fondeur car "ils n'ont plus le choix"-, 30 % de l'offre sera "green" et, elle l'espère, "80 % dans 10 ans".
"Ces 'millenials' veulent une offre qu'on a appelée 'green', c'est-à-dire des produits bio ou issus de l'agriculture raisonnée, des produits de circuits courts, de saison, locaux et le plus frais possible", dit-elle.
Une baguette anti-cholestérol ?
Et parmi les innovations mises en avant : une baguette aux fibres végétales développée par Bridor, qui diminue le cholestérol -des vertus attestées par une étude clinique de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra)- ou encore une farine de bananes vertes bio, idéale pour les préparations sans gluten.
Aussi, lors du 3e World Cuisine Summit programmé mardi, cuisiniers, chercheurs, universitaires comme Raj Patel ou grands patrons tels que le PDG de Nestlé Mark Schneider, imagineront la "restauration de demain".
Concilier tradition et innovation
Celle-ci devra satisfaire des consommateurs à la recherche de nouveautés, tout en conciliant "tradition et modernité", estime le délégué général de l'évènement, Frédéric Loeb.
Ce "retour aux fondamentaux" est illustré par le menu de la 17e édition du Bocuse d'or, remis mercredi à 18h00, où le Français Matthieu Otto, sous-chef à Sarreguemines (Moselle) affrontera 23 autres jeunes chefs.Tous auront 5h35 pour réaliser deux plats : un carré de veau et des côtes premières en hommage au fondateur du trophée, Paul Bocuse, disparu il y a un an et une chartreuse de légumes aux coquillages, en clin d'œil à Joël Robuchon, décédé en août dernier.
Vers des restaurants du futur ?
Trois concepts de restaurants du futur ont été créés : "Poésie", "Bol d'air" et "Ressources". Ce dernier immerge le convive dans la terre d'un potager, "comme un ver de terre"... en lui permettant de voir les légumes pousser dans la salle de restaurant.
Autre préoccupation -encore très marginale dans le secteur- mise en avant lors du Sirha 2019 : le souci de réduire le gaspillage et d'économiser les ressources, pour promouvoir une restauration plus durable.Concepts durables et écologiques
Des innovations primées incarnent cette tendance, comme Apifilm, un tissu en coton naturel imprégné de cire d'abeille et "made in France" -fabriqué en Picardie par la société Indutex-, qui permet d'emballer les produits alimentaires pour les conserver : une alternative "écolo" aux films plastique et aluminium, très polluants.
La révolution numérique -qui réinvente la logistique, la gestion des matières premières, la livraison, la prise de commandes, le paiement...- est au cœur du village start-up, où seront présentes 30 entreprises.