Inquiétudes sur l'ambition écologique des annonces d'Emmanuel Macron
"Il manque des choses" : ONG, opposition mais aussi aile écologiste de la majorité s'inquiètent après la faiblesse des annonces en matière d'environnement prévues dans le projet d'allocution du président Macron qui a été publié dans la presse.
Seule annonce liée à l'écologie dans le discours - enregistré mais jamais diffusé - du chef de l'Etat pour cause d'incendie de Notre-Dame : la création dès le mois prochain d'une "convention" de 300 citoyens tirés au sort, chargée de "travailler à la transition écologique et aux réformes concrètes à prendre".
Comme mesure concrète, le discours confirme la prise en charge d'une prime mobilité pour les salariés utilisant des transports propres, une disposition qui figure déjà dans la loi Mobilités défendue par la ministre Elisabeth Borne. Le chef de l'Etat a remis à plus tard, vraisemblablement au cours de la semaine prochaine, la présentation de ses arbitrages après quelque trois mois de grand débat national.
"Le président de la République a écrit une lettre qui n'a pas été postée. Tout est susceptible d'être amélioré, approfondi, précisé", pointe l'un de ses proches.
Plusieurs défenseurs de l'environnement, y compris dans la majorité, l'appellent à profiter des circonstances pour revoir sa copie sur l'écologie.
"Le président de la République a écrit une lettre qui n'a pas été postée. Tout est susceptible d'être amélioré, approfondi, précisé", pointe l'un de ses proches.
L'opposition a pris moins de gants. Dans le discours non prononcé du chef de l'Etat, "il n'y avait absolument rien qui permette de penser qu'on soit à la hauteur de cette ambition" en matière d'écologie, a déploré sur BFMTV le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
"Pas un mot sur l'écologie, alors que contrairement à la restitution qui a été faite par le Premier ministre, c'est une priorité pour les Françaises et les Français", a attaqué le porte-parole d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV) Julien Bayou. L'inquiétude gagne aussi les ONG, à l'approche de l'officialisation des annonces du chef de l'Etat.
Si Emmanuel Macron en restait là, "le président ne compterait donc pas engager de virage social et écologique sous ce quinquennat", juge la FNH, la fondation de l'ancien ministre de l'Ecologie d'Emmanuel Macron, Nicolas Hulot.
"Et le chef de l'Etat refuserait d’entendre" les centaines de milliers de Français qui ont plaidé pour l'écologie lors du grand débat, dans la pétition record de "l'Affaire du siècle" ou lors des marches pour le climat, pointe l'un de ses représentants, Samuel Leré, interrogé par l'AFP.
"Sans annonces fortes", "cela sonnerait comme la fin de l'ambition écologique pour ce quinquennat", juge le député ex-LREM Matthieu Orphelin, proche lui aussi de M. Hulot.
Après le départ fracassant du ministre en septembre, puis la crise des "gilets jaunes" dont le détonateur a été la hausse de la taxe carbone pesant sur les carburants, l'exécutif a peiné à trouver un juste équilibre entre les problèmes de "fin du monde" et de "fin du mois".
"Il y aura plus d'écologie après le grand débat qu'avant", assure l'entourage du ministre de l'Ecologie François de Rugy, qui s'attend encore à "des annonces fortes en matière d'écologie".
"Annonces fortes"
Ex-EELV et numéro 2 sur la liste de la majorité aux européennes, Pascal Canfin a pour sa part salué jeudi la "mesure très forte" de la convention de 300 citoyens tirés au sort "pour permettre de résoudre les problèmes qu’aucun gouvernement de gauche, de droite ou du centre n'a résolu depuis 20 ans sur la transition écologique". Une mesure que poussait depuis mars le ministre de Rugy.
L'ancien ministre salue plus globalement l'opposition d'Emmanuel Macron à l'ouverture de négociations commerciales avec les Etats-Unis de Trump qui "ne respectent" pas les accords de Paris et l'interdiction du dioxyde de titane que la France "va porter" au niveau européen.
Photo : © Philippe LOPEZ - AFP