Le sommeil de bébé selon l’approche Montessori
Le nourrisson passe une grande partie de ses journées à dormir pour répondre à un besoin essentiel. Maria Montessori s’est penchée sur cette question afin d’aider les parents à y répondre au mieux. Explications avec Charlotte Poussin*, éducatrice Montessori AMI et auteure de nombreux ouvrages de référence sur le sujet.
Vous vous intéressez à l’approche Montessori ? Dès la naissance, il est possible de s’imprégner de celle-ci pour prendre soin de son bébé, notamment en ce qui concerne son sommeil. Il s’agit d’un besoin essentiel au bon développement de l’enfant, de sa santé physique, intellectuelle et psychique. Respecter ce besoin, c’est lui permettre d’enregistrer les informations reçues lors de ses périodes d’éveil et de récupérer de l’énergie pour continuer de découvrir le monde.
La question du sommeil, selon l’approche Montessori, doit se faire avec douceur, en faisant confiance au nourrisson dans sa capacité à se réguler. On évite donc de se mettre la pression ou de lui imposer notre rythme. "Dans l’idéal, on ne réveille jamais le bébé et on ne le force jamais à dormir non plus. On est à l’écoute de ses besoins », prévient d’emblée Charlotte Poussin, éducatrice Montessori AMI et auteure entre autres de « Montessori de la naissance à 3 ans " (éditions Eyrolles) et « Maxime se couche » (collection Ma journée Montessori - Bayard jeunesse). Chaque nouveau-né a ainsi son propre rythme et dort, selon ses besoins.
Un équipement adapté
Maria Montessori a beaucoup évoqué le lit dans ses écrits car il implique une philosophie du sommeil. Ainsi, elle préconisait pour le bébé un lit fermé, sans barreau, donnant des limites sécurisantes. Le nourrisson recherche, en effet, le contact de ces parois qui lui rappellent la sensation de cocon connue dans l’utérus maternel. Le lit doit également permettre au bébé de bien observer son environnement et donc lui offrir une belle visibilité. Le lit sans barreau au sol est à réserver à partir de la marche assurée de l’enfant. Il lui permet d’entrer et sortir de celui-ci par lui-même.
Si l’on doit sortir avec bébé, il existe des solutions pour préserver son sommeil. "Les premières semaines, pour le transporter sans le réveiller, Maria Montessori recommandait d’utiliser un topponcino (un petit matelas très souple de forme ovale, Ndlr). On peut aussi opter pour un nid d’ange. Cela permet au bébé de ne pas sentir qu’on le manipule et de ne pas être gêné lors des déplacements car il y est comme dans une bulle, avec un continuum d’odeur et de chaleur", précise Charlotte Poussin.
Distinguer le jour et la nuit
S’il est important de respecter le rythme de bébé, les parents peuvent toutefois l’aider à se repérer entre le jour et la nuit en créant deux ambiances distinctes. La nuit, la chambre doit être plongée dans l’obscurité et le calme. On allume une veilleuse ou une lumière tamisée si on doit changer bébé ou le nourrir et on chuchote. De la même manière, on évite les mobiles bruyants ou lumineux qui risquent de le stimuler. Le jour, la sieste peut se faire dans la pénombre sans obscurité. Si elle s’éternise et qu’il risque d’avoir des difficultés à s’endormir le soir, Charlotte Poussin suggère de favoriser son réveil en ouvrant un peu plus les volets et en s’activant doucement à côté de lui.
Des rituels mais pas de dépendance
La méthode Montessori encourage les rituels comme les berceuses, les paroles apaisantes, les câlins, ou bien encore la présence d’un doudou pour sécuriser le bébé au moment du coucher. Cependant, ces rituels ne doivent pas créer une dépendance difficile à vivre pour tout le monde par la suite. "Il vaut mieux ne pas trop bercer bébé, lui donner une tétine alors qu’il n’en réclame pas, ni chanter systématiquement la même chanson ou donner toujours le même doudou. On risquerait sinon de créer une dépendance aux bras de l’adulte ou à un objet spécifique pour s’endormir. Il est préférable de varier les comptines d’un soir à l’autre, d’alterner les doudous pour que l’absence de l’un ne devienne pas dramatique. Si on met en place des rituels trop rigides, on risque de créer cette dépendance. Une petite routine sécurisante, certes, mais avec souplesse", ajoute l’éducatrice Montessori.
Être détendu
Enfin, pour accompagner au mieux le sommeil de son enfant, mieux vaut être observateur pour détecter les signes qui indiquent qu’il a besoin de se coucher. En étant détendu et respectueux de son rythme, on évite également des difficultés ultérieures. "Peut-être que ça va prendre 3 mois pour qu’il fasse ses nuits, mais on n’a rien à prouver. Il faut laisser le temps au temps. Et en tant que parents, il ne faut pas hésiter à se faire aider si besoin et à prendre du temps pour soi", conclut Charlotte Poussin. De quoi permettre à chacun de mieux dormir.