Bisphénol S dans les biberons, conserves et tickets de caisse : le substitut au BPA, plus nocif
L’alternative au bisphénol A est loin d’être sans risque à en croire une nouvelle étude publiée le 17 juillet 2019 par des chercheurs français. En effet, cette substance persisterait plus longtemps dans l’organisme. Explications.
Reconnu comme étant un perturbateur endocrinien, le bisphénol A (BPA) a été classé en 2017 par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) "substance extrêmement préoccupante". Depuis 2011, l’Union européenne interdit d’ailleurs son utilisation dans la fabrication des biberons en plastique pour nourrissons dédiés à l’importation et à la commercialisation. Et en janvier 2013, la France a suspendu l’usage du BPA à tous les contenants et ustensiles destinés à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires pour les enfants en bas âge. Une suspension qui s’est étendue au 1er janvier 2015 à tous les autres conditionnements et ustensiles alimentaires.
Ainsi, cette substance chimique utilisée dans la fabrication des plastiques a progressivement été remplacée par le bisphénol S (BPS). Mais cette option pourrait conduire à des effets bien plus préoccupants alertent des chercheurs de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) et du laboratoire Toxalim (ENVT/Inra/Toulouse INP Purpan/UT3 Paul Sabatier), ayant travaillé en collaboration avec les Universités de Montréal et de Londres.
D’après leurs résultats, publiés ce mercredi 17 juillet dans la revue Environmental Health Perspectives, le bisphénol S persiste plus longtemps dans l’organisme et à des concentrations beaucoup plus élevées que le bisphénol A.
Des niveaux 250 fois supérieurs à ceux du BPA dans le sang
Pour dresser ce constat, les chercheurs ont mené une étude sur des porcelets. Ils ont observé que la quantité de BPS ingérée accédant à la circulation sanguine générale "est environ 100 fois supérieure à celle du BPA". Cette substance persisterait aussi plus longtemps dans l’organisme. "La biodisponibilité orale du BPS qui en résulte (57 %) très supérieure à celle du BPA (0.50 %), associée à sa plus lente élimination de la circulation sanguine (environ 3.5 fois inférieure) conduit à des concentrations de BPS dans le sang environ 250 fois supérieures à celles du BPA", expliquent-ils.
Les fonctions gastro-intestinales du porc étant assez comparables à celles de l’homme, les chercheurs supposent que le BPS augmente de manière non négligeable l’exposition de l’homme à "un composé hormonalement actif". D’autres recherches sont néanmoins nécessaires pour confirmer ces données.
S’il existe plus de 20 bisphénols, le BPA et le BPS sont aujourd’hui les plus utilisés. Mais, les experts se doivent aujourd’hui de trouver de nouvelles alternatives, l’un comme l’autre étant néfastes pour la santé humaine.
- Communiqué de presse Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) et Inra
- Ministères des Solidarités et de la Santé