Cancer du sein : ces polluants qui augmentent le risque de métastases
De nouveaux travaux de l’Inserm suggèrent que certains polluants sont responsables du développement de métastases du cancer du sein…
Dioxine et PCB : des polluants persistants qui auraient une incidence sur la formation de tumeurs secondaires. En effet, en ce mois d’octobre rose, de nouveaux travaux préliminaires de chercheurs de l'Inserm, pilotés par Xavier Coumoul, suggèrent que ces substances toxiques pourraient favoriser le développement de métastases du cancer du sein. Leurs résultats ont été publiés dans l'édition de novembre de la revue Environment International.
Cancer agressif
La présence de métastases à distance de la tumeur d’origine est un marqueur d’agressivité de ce cancer, souligne l'Inserm. Quand des métastases sont détectées, le taux de survie à cinq ans du diagnostic chute à 26 %, contre 99 % si le cancer touche uniquement le sein, et de 85 % si seuls les ganglions lymphatiques sont également touchés.
Récemment, des recherches scientifiques ont établi un lien entre exposition à des polluants organiques persistants ou POPs (polluants environnementaux perturbateurs endocriniens et/ou carcinogènes que l'organisme ne peut éliminer) et cancer du sein.
Alors que ces substances sont présentes dans la chaîne alimentaire, elles aggravent la tumeur. En effet, si une étude publiée en mai dernier révélait que les femmes atteintes d'un cancer du sein limitant les apports en calories dans leur régime alimentaire quotidien avaient plus de chances de survie, il est toutefois difficile d' échapper aux polluants environnementaux.
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont mesuré la concentration de près de 50 POPs, dont la dioxine de Seveso (un déchet des produits d'incinération) et plusieurs PCB (générés par divers processus industriels) dans des échantillons de graisse environnant le cancer du sein de 91 femmes. Ils ont alors constaté une corrélation entre la présence de métastases à distance de la tumeur et la concentration en dioxine dans le tissu adipeux des femmes en surpoids.
Les femmes en surpoids, plus à risque ?
Chez toutes les patientes, la concentration en dioxine et en PCB (pour deux de ceux qui ont été mesurés) apparait associée à la taille de la tumeur ainsi qu'au niveau d'invasion et au stade métastatique des ganglions lymphatiques. Les femmes avec de plus grandes concentrations de PCB présentait un risque plus élevé de récidive. Ces résultats suggèrent que plus la concentration en POPs dans le tissu adipeux est importante, plus le cancer du sein est agressif, en particulier chez les femmes en surpoids.
Les auteurs de l’étude estiment que la dioxine et certains PCB peuvent envoyer un signal qui favoriserait la migration des cellules cancéreuses, donc les métastases. Toutefois, ils précisent que leur constat est au stade "préliminaire" qu’il "ne permet pas de tirer des conclusions fermes" sur le lien entre POPs et agressivité du cancer du sein.
Des recherches sur un plus grand nombre de patientes devraient fournir des résultats statistiques plus représentatifs.
Le cancer du sein est un enjeu majeur de santé publique avec plus de 2 millions de nouveaux cas diagnostiqués et plus de 600.000 décès dans le monde en 2018