Comment la pilule modifie le cerveau des femmes selon des chercheurs
A en croire une nouvelle étude américaine, présentée lors de la réunion annuelle de la Société nord-américaine de radiologie (RSNA), la pilule modifierait significativement la taille de l'hypothalamus des femmes.
Alors que les contraceptifs oraux sont de plus en plus boudés par les femmes, celles-ci décriant les multiples effets secondaires et la charge mentale contraceptive leur incombant, cette nouvelle étude ne devraient pas apaiser leur crainte. En effet, des chercheurs américains, spécialistes en neurologie, ont constaté que les femmes prenant la pilule avaient un hypothalamus significativement plus petit par rapport à celles n’étant pas sous contraceptifs oraux.
Pour mener à bien cette étude, le Dr Lipton et son équipe ont recruté un groupe de 50 femmes en bonne santé. Parmi elles, 21 prenaient des contraceptifs oraux. Toutes les participantes ont passé une IRM cérébrale. "Nous avons constaté une différence spectaculaire concernant la taille des structures cérébrales entre les femmes qui prenaient des contraceptifs oraux et celles qui n'en prenaient pas", a déclaré le Dr Lipton. "Cette première étude montre une forte association et devrait motiver une enquête plus approfondie sur les effets des contraceptifs oraux sur la structure du cerveau et leur impact potentiel sur la fonction cérébrale", a-t-il poursuivi.
Une zone du système nerveux central essentielle
Situé à la base du cerveau, au-dessus de l'hypophyse, l'hypothalamus fait partie du système nerveux central. Il joue un rôle de liaison entre le système nerveux autonome et le système endocrinien. Il produit des hormones et permet de réguler des fonctions organiques comme la température corporelle, l'humeur, l'appétit, la libido, les cycles de sommeil et la fréquence cardiaque.
"Il y a un manque de recherche sur les effets des contraceptifs oraux sur cette petite mais essentielle partie du cerveau humain vivant", a déclaré le professeur Michael L. Lipton. "Nous avons validé des méthodes pour évaluer le volume de l'hypothalamus et confirmons, pour la première fois, que l'utilisation actuelle de la pilule contraceptive orale est associée à un volume hypothalamique plus petit."
Une propension à la colère ?
Les chercheurs ont également remarqué qu'un volume hypothalamique plus petit était associé à une humeur plus colérique, mais également à des symptômes de dépression. Toutefois, les résultats n’ont indiqué aucun lien significatif entre le volume de l’hypothalamus et les performances cognitives.
Deux constats que les auteurs qualifient de "préliminaires", d’autres études étant nécessaires pour confirmer ces résultats. D’autant plus que leur recherche était basée sur un faible effectif.
La pilule, la contraception la plus utilisée en France
Selon un rapport de 2018 du National Center for Health Statistics, entre 2015 et 2017, près de 13 % des 47 millions américaines de 15 à 49 ans sous contraceptifs prenaient la pilule. En France, en 2018, 32 % des femmes du même âge utilisaient la pilule comme seul moyen de contraception. Suivait ensuite la stérilet (25%).
Mais les choses pourraient prochainement changer. Un laboratoire indien vient de mettre au point ce qu’il estime comme étant "le tout premier contraceptif masculin au monde" consistant en une injection unique. Et l’efficacité est garantie au moins treize ans ! Ce procédé pourrait être disponible en Inde dès le premier semestre 2020, avant d’arriver sur le marché international. Alors, messieurs, prêts pour une petite piqûre ?
Reste à savoir, toutefois, si ce nouveau contraceptif n’induit pas, lui aussi, des effets indésirables.