La peur du coronavirus arrive aux confins de l'Amazonie

Coronavirus Amazonie
La peur du coronavirus arrive aux confins de l'Amazonie
© FLORENCE GOISNARD - AFP
Par AFP /Relaxnews publié le
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Au cœur de la forêt amazonienne, à une semaine de bateau de Manaus, Carauari est une des villes les plus reculées au monde, mais cet isolement ne l'immunise pas contre la panique mondiale autour du coronavirus.

Avec ses maisons multicolores sur pilotis, éparpillées autour des méandres d'eau marron du fleuve Jurua, affluent de l'Amazone prenant sa source au Pérou, cette localité de l'ouest du Brésil est à l'opposé des mégalopoles densément peuplées comme Rio de Janeiro ou Sao Paulo. Ses 29.000 habitants se répartissent sur un immense territoire de 26.000 km2, 17 fois plus grand que celui de Sao Paulo, la ville la plus peuplée du pays, pour une densité 7.000 fois moins forte.

Une zone isolée

Aucune route terrestre ne la relie au reste du monde. Pour s'y rendre, il faut prendre un vol de trois heures depuis Manaus, capitale de l'Etat d'Amazonie, d'où on peut également voyager vers Carauari en bateau, un périple de sept jours. Au début, la pandémie de Covid-19 n'était qu'un problème lointain dont les habitants entendaient parler dans les médias. Mais depuis l'annonce du premier cas à Manaus, il y a une semaine, le vent de panique a commencé à souffler au fin fond de la forêt, dans une zone déjà traumatisée par des hécatombes causées par des épidémies venues de l'extérieur.

Isolement renforcé

"Je suis née ici, j'ai vécu à Carauari toute ma vie. Je viens d'avoir 80 ans mais je n'avais jamais rien vu de tel", explique à l'AFP Raimunda da Silva dos Santos, qui habite près du port fluvial. À présent, comme dans le reste du monde, les habitants de Carauari sont obsédés par la prévention contre le Covid-19. "On prie Dieu pour que l'épidémie n'arrive pas ici. On fait ce qu'on peut, on se lave souvent les mains, comme ils le disent à la télé", raconte José Barbosa das Gracas, 52 ans. Les autorités sanitaires locales craignent d'être débordées, l'hôpital de Carauari ne comptant que 50 lits.

"Le fait que notre ville soit difficile d'accès est un avantage pour le moment, parce que cela réduit les risques de contamination, mais ça veut dire aussi qu'on aura du mal à évacuer des patients ailleurs si nécessaire", explique Manoel Brito, directeur de l'hôpital. Depuis mardi, tout passager arrivant par avion ou par bateau est examiné avec soin par les services de santé municipaux. Des restrictions plus sévères pourraient être mises en place à l'avenir, affectant l'approvisionnement de la ville, qui se retrouverait encore plus coupée du monde.

Isolement renforcé

"Je suis née ici, j'ai vécu à Carauari toute ma vie. Je viens d'avoir 80 ans mais je n'avais jamais rien vu de tel", explique à l'AFP Raimunda da Silva dos Santos, qui habite près du port fluvial. À présent, comme dans le reste du monde, les habitants de Carauari sont obsédés par la prévention contre le Covid-19. "On prie Dieu pour que l'épidémie n'arrive pas ici. On fait ce qu'on peut, on se lave souvent les mains, comme ils le disent à la télé", raconte José Barbosa das Gracas, 52 ans. Les autorités sanitaires locales craignent d'être débordées, l'hôpital de Carauari ne comptant que 50 lits.

Les indigènes vulnérables

Le nouveau coronavirus est également une source de préoccupation pour les peuples indigènes d'Amazonie, qui ont déjà beaucoup souffert au contact du monde extérieur. Les maladies amenées par les colonisateurs européens ont décimé près de 95 % des autochtones d'Amérique. L'Etat d'Amazonie a décrété l'état d'urgence, interdisant notamment l'entrée de visiteurs venus de l'extérieur dans les territoires indigènes.

L'Assemblée des Peuples Indigènes du Brésil (APIB), qui avait organisé en janvier une grande rencontre de dizaines de caciques venus de toute l'Amazonie pour se mobiliser contre la politique environnementale du président Jair Bolsonaro, a été contrainte d'annuler plusieurs rassemblements. "La situation des indigènes est très délicate, surtout pour les peuples isolés", déplore Maria Baré, 40 ans, leader communautaire du peuple Baré, qui s'est établi sur les rives du Rio Negro, un autre affluent de l'Amazone.

"Qu'il s'agisse du Covid-19 ou de toute autre maladie à laquelle on n'a pas encore été exposé, c'est une menace pour notre santé et notre vie", conclut-elle.