Ouverture des forêts d'Ile-de-France : comment concilier quiétude des animaux et besoin de nature ?
En partie cachés par des ronces, des cygnes ont niché sur le rivage d'un étang, tout près de Versailles. Mais avec le déconfinement et le retour des nombreux promeneurs d'Ile-de-France, leur quiétude, comme celle d'autres animaux, est menacée.
Alors que certaines plages du littoral sont à nouveau ouvertes au public, à condition que les usagers ne flânent pas sur leur serviette mais soient actifs et adoptent la plage dynamique (marche, activité nautique...), les Francilens, qui sont toujours en zone rouge, vont pouvoir renouer avec les balades en forêt. En effet, l'Agence des espaces verts de la Région Ile-de-France a annoncé, "après accord des autorités prfectorales" qu'elle allait "rouvrir la totalité des forêts publiques dont elle a la gestion". Cela représente près de 15 000 hectares d'espaces verts.
Mais alors que la nature paisible avait repris ses droits et se trouvait au calme, il va falloir faire des efforts pour protéger cette biodiversité tout en s'évadant un peu.
Le confinement tombait à pic pour la saison des amours !
Avec la fin du confinement et les beaux jours, les familles, joggeurs, propriétaires de chiens et amateurs de VTT sont venus en masse profiter de ces espaces facilement accessibles. Ils offrent de jolies promenades dans les forêts de chênes et de châtaigniers et autour des plans d'eau et de leurs roselières. Ces visiteurs partagent l'espace avec des chevreuils, des cormorans, des foulques, des renards, des papillons, des libellules... Les cygnes "ont fait leur nid très proche par rapport aux années précédentes (...), j'espère qu'ils ne seront pas trop embêtés", s'inquiète Marianne de Brito, responsable de l'unité territoriale de Versailles pour l'Office national des forêts (ONF).
Ils ne sont pas les seuls à avoir changé leurs habitudes pendant le confinement dans cette forêt d'environ 1.000 hectares et dans d'autres en Ile-de-France, d'habitude très fréquentées. D'autant que l'absence des hommes a eu lieu en pleine saison de reproduction.
Trois types d'espèces ont profité du confinement, explique Laurent Tillon, chargé de mission biodiversité à l'ONF : les batraciens ont pu se reproduire ce printemps sans risquer d'être écrasés sur les routes, tandis que les oiseaux et les mammifères, "qui avaient l'habitude de se cantonner sur des parcelles éloignées des chemins fréquentés, se sont plus répartis dans l'espace."
Ils ne sont pas les seuls à avoir changé leurs habitudes pendant le confinement dans cette forêt d'environ 1.000 hectares et dans d'autres en Ile-de-France, d'habitude très fréquentées. D'autant que l'absence des hommes a eu lieu en pleine saison de reproduction.
Une fréquentation forte attendue
Après plusieurs semaines enfermés, et avec les bars, restaurants, salles de sport, cinémas et théâtres qui restent fermés, "on s'attend vraiment à une fréquentation plus forte" au moins jusqu'à l'été, indique Marianne de Brito, alors que la forêt de Versailles est en temps normal déjà très prisée.
"La grosse inquiétude porte sur les chiens" qui peuvent déranger les oiseaux ou les chevreuils, voire écraser des oeufs, explique-t-elle, rappelant qu'ils doivent être tenus en laisse du 15 avril au 30 juin. La consigne n'est pas connue de tous, comme le montrent des chiens non tenus en laisse, aux pattes mouillées, qui viennent de se baigner dans l'étang.
Faire preuve de civisme et ramasser ses déchets
L'ONF appelle les promeneurs à ramasser leurs déchets. Il faut dire qu'une nouvelle pollution a vu le jour avec la crise du nouveau coronavirus : de plus en plus de masques et gants jonchent les sols.
Autres recommandations de l'Office national des forêts : rester sur les sentiers balisés, ne pas allumer de feu, limiter la cueillette de fleurs et de champignons, ne pas ramasser de bois et à faire preuve de prudence sur les routes traversant les forêts pour ne pas heurter en voiture cerfs et chevreuils.
Enfin, l'ONF incite les Franciliens en mal de nature à se rendre en forêt à vélo ou à pied s'ils le peuvent, et à découvrir des lieux nouveaux, plutôt que de se concentrer sur les sites les plus connus.
"Cela vaut le coup de rentrer dans la forêt plus tranquillement, de regarder ce qu'il y a autour de nous, d'écouter les oiseaux", dans cette période spéciale où la faune sauvage est moins craintive des hommes, conseille Laurent Tillon.
Avec AFP/Relanews
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