Barbara Pompili, une écologiste "réformiste" qui tente de verdir la macronie
Nommée lundi ministre de la Transition écologique, la députée LREM de la Somme et ancienne secrétaire d'Etat Barbara Pompili, 45 ans, est une écologiste "réformiste", ancienne d'EELV, qui tente de faire entendre une sensibilité écolo chez des "marcheurs" pas toujours convertis.
Barbara Pompili préside depuis 2017 la commission du Développement durable de l'Assemblée, capitalisant sur son expérience de secrétaire d'Etat à la Biodiversité entre février 2016 et mai 2017. Pour tenter de peser davantage, après une première partie de quinquennat en deçà de ses espérances, elle a d'ailleurs créé récemment, avec l'ex-chiraquien Hugues Renson, l'association "En Commun" qui rassemble une cinquantaine de députés LREM de sensibilité sociale et écologique.
Une travailleuse discrète
Assez discrète voire en retrait au départ, comme pour mieux laisser place au "nouveau monde" au Palais Bourbon, elle a développé au sein de sa commission et au-delà un réseau pro-environnement. "C'est une grosse bosseuse, quelqu'un qui a toujours pour objectif de rassembler les gens autour des projets", salue un ancien collaborateur. Et si "elle n'est pas une frondeuse" dans l'âme, elle n'est pas non plus "béni oui-oui". Elle s'était par exemple abstenue début 2019 sur le texte controversé "anti-casseurs".
Pour les municipales à Amiens, elle figurait sur la liste de Christophe Porquier, son compagnon ex-EELV, quitte à affronter la candidate UDI soutenue par LREM.
Mitigée sur les résultats de la Convention citoyenne sur le climat fin juin, elle a averti que son succès "va dépendre de la manière dont nous réussirons tous collectivement à transformer l'essai, de la volonté politique". Selon la députée LREM Sonia Krimi, elle-même parfois insoumise, Barbara Pompili "concilie liberté de parole et autorité".
Un parcours politique des Verts à LREM
Après une enfance à Liévin (Pas-de-Calais) et dans le bassin minier, cette fille d'institutrice auprès d'enfants handicapés fait ses études à l'IEP de Lille et adhère aux Verts en 2000. Elle devient la collaboratrice parlementaire du député Yves Cochet, qu'elle définit comme son "mentor". En 2002, elle s'occupe des relations avec la presse lors de la campagne présidentielle de Noël Mamère.
En 2012, elle est elle-même élue députée de la Somme dans la circonscription comprenant Amiens. Avec François de Rugy, élu de Loire-Atlantique, elle instaure une coprésidence inédite pour le nouveau groupe écologiste. "Elle a de la suite dans les idées tout en gardant une grande fraîcheur et en restant franche et directe", lui reconnaissait alors François de Rugy.
A partir de 2016, placée au gouvernement aux côtés de Ségolène Royal, Mme Pompili fait adopter définitivement la loi pour la reconquête de la biodiversité. En mars 2017, malgré la consigne du Premier ministre Bernard Cazeneuve à l'équipe gouvernementale, elle est la première à soutenir publiquement Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle et se présente sous l'étiquette LREM à sa réelection dans la Somme. Barbara Pompili est "une écolo recyclée", raille un collègue marcheur. Alors qu'elle n'est pas une proche d'Emmanuel Macron, certains redoutent qu'elle manque de poids politique.
En septembre 2018, elle avait osé défier Richard Ferrand dans la course au perchoir de l'Assemblée, promouvant l'accession d'une première femme à cette fonction et récoltant près de 30% des suffrages LREM.
Une politicienne victime de stéréotypes
"Ce n'est pas parce que je suis une femme jeune, écologiste, blonde, à forte poitrine comme le diraient certains, que je dois me taire", déclarait en 2012 au Courrier Picard celle parfois surnommée "Barbie" par ses propres collègues. "La politique est un métier où il faut se blinder", dit aussi cette femme en pointe contre le sexisme en politique, divorcée et mère d'une fille.
En mai 2016, elle dénoncera cependant "l'injonction pour être une victime" de Denis Baupin, qui était à l'époque accusé d'agressions sexuelles sur des collègues écologistes, avant que l'affaire ne soit classée sans suite.
Sous la précédente législature, elle a cogné parfois sur le gouvernement, notamment en raison de certains choix budgétaires ou en défaveur de l'environnement, et de plus en plus sur ses camarades d'EELV. La rupture est consommée fin septembre 2015 lorsque Barbara Pompili, après François de Rugy et Jean-Vincent Placé, quitte le parti dans lequel elle ne se reconnaît plus.