Avec la crise sanitaire, ils ont décidé de changer de vie
La crise sanitaire et ses confinements amène certains Français à changer leur mode de vie. Déménagement, reconversion professionnelle... En quelques mois, leur quotidien a été bouleversé. Rencontres.
Et si la crise sanitaire liée au Covid-19 avait agi comme un détonateur, incitant certains Français à changer de vie ? Déjà en décembre 2018, un sondage YouGov-MeilleursAgents* indiquait que 78% des Français rêvaient de changer de vie. Pour 59% des sondés, cela passait par un déménagement et pour 46% par un changement de travail. Le premier confinement, au printemps, a semble-t-il poussé certains à sauter le pas.
Clarisse, 53 ans, a ainsi travaillé dans l’univers de la décoration avant de devenir médiatrice écologique et sociale il y a cinq ans, suite à un licenciement économique. Ces deux dernières années, elle travaillait dans une micro-ferme urbaine à Gennevilliers mais son contrat a pris fin pendant le confinement. L’occasion pour elle de quitter sa chambre de bonne pour revenir vivre dans sa région natale, le Sancerrois. « Quand on lâche ce que l’on connaît, il y a des moments de doutes et ça fait peur, surtout à la famille. Mais je sais que je peux vivre avec peu et j’ai encore un an de chômage pour trouver ma place et mon modèle économique », analyse Clarisse. Elle se réjouit de vivre désormais à proximité de son père, de ses cousins et d’avoir retrouvé des copains de collège. L’été a été ponctué par les visites d’amis mais elle sait déjà qu’il y aura moins de monde cet hiver. Pour autant, vivre dans ce village de 250 habitants ne l’effraie pas tant que ça. « Je vais voir comment ça se passe mais les gens font des choses. Je sens un mouvement tout à fait nouveau accéléré par le Covid-19. Cette crise permet de réajuster ce qui est important. La société peut changer grâce à la base, à la campagne et je veux y être pour y contribuer à ma façon. J’ai aimé cette période d’avant car je n’avais pas conscience de tout ça mais j’ai de nouvelles choses à vivre. Je veux vendre des produits en accord avec moi, échanger des savoirs... », déclare Clarisse.
Une crise synonyme de changement professionnel
A Reims, Corinne, 56 ans, n’a pas été épargnée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. Installée à son compte depuis 2009, elle effectue des soins esthétiques dans des EPHAD et structures pour personnes en situation de handicap. « Tout ça s’est arrêté brutalement pendant le confinement. Ca a été un choc assez important pour ces personnes et pour moi. Je n’ai pas pu leur dire au revoir. Le gros de mon activité s’est arrêté et j’ai perdu près de 70% de mon chiffre d’affaire », estime Corinne. Si elle a pu reprendre une partie de son activité en respectant des conditions sanitaires très draconiennes, ses autres contrats ont pris fin pour des raisons budgétaires. Fin août, Corinne a donc décidé de se former dans le massage assis à destination notamment des salariés pour limiter les effets du stress. Un marché porteur, selon elle. « Humainement, j’ai été très touchée par cette éviction radicale et j’ai eu des moments de blues. Mais je me dis qu’il y a toujours un mal pour un bien et cette formation m’a fait un bien fou. Ca reste dans le bien-être. J’ai besoin de contact et je me sens bien dans ce que je fais. Malgré les doutes, il faut garder espoir. Et au moins, j’aurais essayé », ajoute Corinne, prête à travailler avec ce nouveau public.
Une partie de l’entreprise délocalisée
Pour certaines entreprises aussi la crise a été l’occasion de revoir leur fonctionnement. Ainsi, suite au premier confinement, Anaïs, co-fondatrice de Live Mentor, un organisme de formation en ligne, a déménagé dans le Sud avec une partie de ses équipes. « Nos salariés qui avaient été en télétravail total pendant le confinement ne voulaient pas revenir à Paris. D’ailleurs, certains avaient quitté l’appartement qu’ils louaient pour repartir en région chez leurs parents. Nous avions déjà pensé déménager une partie de l’entreprise avant la crise mais on ne l’aurait pas fait aussi vite. On a profité de l’occasion pour proposer ce déménagement », explique Anaïs. Il faut dire que la plupart des salariés ont moins de 30 ans et pas d’enfant. De quoi permettre une certaine flexibilité.
Désormais, l’entreprise compte donc 20 salariés en poste à Paris, 20 en télétravail (qui y étaient avant la crise) et 20 à Aix-en-Provence. Aux dires de l’entrepreneure, cette situation se gère très bien car tous les services sont concernés et chacun a rapidement pris le réflexe d’échanger en visioconférence. « Cette crise nous envoie un signal. Ce n’est pas normal de tous vivre au même endroit, d’être à quatre dans un 40 m², d’être coincé dans les transports en commun... A Aix-en-Provence, j’ai un appartement deux fois plus grand qu’à Paris pour le même prix et même un jardin. J’ai ce logement parce qu’il me plait, pas simplement parce qu’il est disponible », note la jeune entrepreneure. Tout comme ses employés, elle apprécie de passer moins de temps dans les transports et de pouvoir pratiquer de nouvelles activités à la mer et la montagne. « Les visages de nos collaborateurs sont plus détendus... et bronzés ! Le coût des bureaux a été divisé par quatre. Ca nous permet de créer de l’emploi en province. Et on a été très bien accueillis par la région qui nous a proposé des places en crèches et dans les écoles si besoin. Le confinement nous a montré qu’on pouvait avancer radicalement et très vite. Ca a créé une énergie propice à ce changement », reconnaît Anaïs.
Une crise synonyme de changement professionnel
A Reims, Corinne, 56 ans, n’a pas été épargnée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. Installée à son compte depuis 2009, elle effectue des soins esthétiques dans des EPHAD et structures pour personnes en situation de handicap. « Tout ça s’est arrêté brutalement pendant le confinement. Ca a été un choc assez important pour ces personnes et pour moi. Je n’ai pas pu leur dire au revoir. Le gros de mon activité s’est arrêté et j’ai perdu près de 70% de mon chiffre d’affaire », estime Corinne. Si elle a pu reprendre une partie de son activité en respectant des conditions sanitaires très draconiennes, ses autres contrats ont pris fin pour des raisons budgétaires. Fin août, Corinne a donc décidé de se former dans le massage assis à destination notamment des salariés pour limiter les effets du stress. Un marché porteur, selon elle. « Humainement, j’ai été très touchée par cette éviction radicale et j’ai eu des moments de blues. Mais je me dis qu’il y a toujours un mal pour un bien et cette formation m’a fait un bien fou. Ca reste dans le bien-être. J’ai besoin de contact et je me sens bien dans ce que je fais. Malgré les doutes, il faut garder espoir. Et au moins, j’aurais essayé », ajoute Corinne, prête à travailler avec ce nouveau public.