Comment les composés du thé vert permettent de lutter contre le cancer
Boire du thé vert pour se prémunir de certains cancers ? Des chercheurs américains viennent de découvrir la manière dont les polyphénols présents dans le thé vert pouvaient stimuler l'activité anticancéreuse d’une protéine du corps humain…
Ce n’est plus à démontrer : le thé vert regorge de puissants antioxydants. En effet, il contient des polyphénols, notamment du gallate d'épigallocatéchine (EGCG). Ce flavonoïde de la catégorie des catéchines est présent en quantité dans le thé. Plusieurs études suggèrent que ce composé joue un rôle dans la limitation de la croissance de certains cancers (prostate, sein, estomac, vessie, côlon, poumons...). Pourtant, le mécanisme précis de cet effet protecteur était méconnu. Des chercheurs américains du Rensselaer Polytechnic Institute ont cherché à percer ce mystère. « Le gallate d'épigallocatéchine du thé vert peut induire l'apoptose (mort programmée) des cellules cancéreuses », expliquent les auteurs de l'étude, « mais les mécanismes moléculaires sous-jacents étaient jusqu’ici mal compris ».
Dans leur recherche publiée le 12 février 2021 dans la revue Nature Communications, les scientifiques new-yorkais montrent que l’EGCG peut augmenter les niveaux de p53, une protéine issue du gène du même nom, anticancéreuse naturelle, également surnommée « gardienne du génome ».
Une molécule du thé vert… vertueuse
La plupart des effets « chimio-préventifs » du thé vert sur le cancer sont attribués au gallate d'épigallocatéchine, indiquent les chercheurs. Cette molécule représente 50 à 80 % de la catéchine du thé vert. On compte 200 à 300 mg d'EGCG dans une tasse d’environ 240 ml. « Les molécules p53 et EGCG sont extrêmement intéressantes. Des mutations de p53 sont présentes dans plus de 50 % des cancers humains, tandis que l'EGCG est le principal antioxydant du thé vert, une boisson populaire dans le monde entier », indiquent les scientifiques.
Leurs travaux leur ont permis de comprendre de quelle manière l’EGCG agissait sur p53, « sans doute la protéine la plus importante dans le cancer humain », déclare le Dr Wang, auteur principal de l’étude. Et pour cause, cette protéine freine la prolifération cellulaire, assurant une protection contre le cancer. En se liant à l’ADN, elle favorise l'expression de gènes qui doivent réparer les dommages cellulaires, ce qui fait d’elle un suppresseur de tumeur.
Mais comment agissent précisément les composés du thé ? En augmentant les cellules anticancéreuses. Plus précisément, les scientifiques ont découvert que la forme flexible d’une des extrémités de la protéine p53, appelée domaine N-terminal, lui permettait de s’adapter aux molécules avec lesquelles elle entre en interaction. Généralement, la protéine p53 est rapidement dégradée lorsque « le domaine N-terminal » interagit avec MDM2 (une autre protéine). Mais la consommation de thé peut inverser le processus. « L’EGCG et MDM2 se lient au même endroit sur la protéine p53, au niveau de l’extrémité N-terminal, donc l’EGCG entre en compétition avec MDM2 », détaille le Dr Wang. « Lorsque l'EGCG se lie à p53, la protéine n'est plus dégradée par MDM2 donc le niveau de p53 augmente avec l'interaction directe avec EGCG. Cela signifie qu'il y a plus de p53 pour la fonction anticancéreuse. C'est une interaction très importante », explique le scientifique.
Choisir du thé vert bio de préférence
« Nos travaux aident à expliquer comment l'EGCG est capable de stimuler l'activité anticancéreuse de p53, ouvrant la porte au développement de médicaments avec des composés de type EGCG », précise le docteur Wang.
D’ici-là, plus de raison de bouder une tasse de thé vert. La prévention et la thérapie complémentaire du cancer basée sur l'alimentation sont aujourd’hui de plus en plus promues. Et cela pourrait également passer par une consommation régulière de thé vert, tout en évitant les excès bien entendu. Consommer en trop grande quantité, le thé peut en effet interférer avec l’absorption du fer.
De plus, afin de profiter davantage de ses bienfaits, mieux vaut le choisir bio de sorte à limiter l’exposition aux pesticides. Pour rappel, en 2017, une étude de 60 Millions de consommateurs pointait du doigt la présence de pesticides dans les feuilles de thé de plusieurs grandes marques, certaines contenant jusqu’à 17 résidus de pesticides ! Fort heureusement, dans la majorité des cas, ces quantités étaient inférieures aux limites réglementaires. Quelques marques bio étaient aussi dans le collimateur, sans pour autant dépasser les seuils du cahier des charges du label. Selon cette étude, les thés noirs bio présentaient en moyenne 3,4 fois moins de résidus que les thés noirs de marques conventionnelles. Pour les thés verts bio, les résidus de pesticides étaient, en moyenne, 2,2 fois inférieurs aux thés verts classiques. Si possible, optez donc pour des références issues de l’agriculture biologique, et haut de gamme, pour en tirer tous les bénéfices.
Autre réflexe : préférer le thé en vrac, pour éviter les emballages mais pas seulement ! En 2019, une étude canadienne révélait que de nombreux sachets de thé infusés, constitués notamment en nylon, laissaient échapper des particules de microplastiques dans l’eau chaude. D’ailleurs, si vous en buvez régulièrement, mieux vaut ne pas le déguster à une température trop élevée, une récente recherche mettant en avant des risques d'apparition du cancer de l’œsophage.
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