Alzheimer : comment se prémunir réellement de la maladie ?
Depuis 2018, les médicaments traitant la maladie d’Alzheimer, mal incurable à l’évolution inexorable, ne sont plus remboursés. Aujourd’hui, de récentes percées révolutionnent la compréhension, la prévention et pourquoi pas la réversion de la maladie. On fait le point.
Vous n’en avez probablement pas conscience mais la maladie d’Alzheimer devrait nous effrayer davantage que le cancer ! Chaque année, 225 000 nouveaux cas sont recensés en France, soit un toutes les 3 minutes. Et cette maladie dégénérative menant inéluctablement à la démence, concerne, avec l’âge, un nombre croissant de sujets : si à 60 ans, seul 1 % des personnes sont affectées, à 80 ans ce chiffre passe à 18 % pour atteindre les 45 % dès 90 ans.
Une situation préoccupante
Une situation d’autant plus préoccupante, que les médicaments existants sur le marché ont, dans leur totalité, échoué à apporter une réponse satisfaisante et ne sont, de ce fait, plus remboursés par la sécurité sociale depuis le 1er août 2018 : « même le dernier médicament récemment agréé par la Food and Drug Administration (agence américaine des médicaments), baptisé Aducanumab, et dont les études cliniques avaient été interrompues en 2019, est à mon avis inopérant ! », affirme le Docteur Jean-Paul Curtay, spécialiste du vieillissement et auteur de Vous n’aurez pas Alzheimer ! à paraître aux éditons Leduc en août prochain.
A son caractère incurable s’ajoute encore le poids effrayant de la maladie pour la société : avec près de 3 millions d’aidants mobilisés, Alzheimer pèse en effet lourdement sur les dépenses de santé publique et grève tout autant l’économie dans la mesure où les personnes touchées par la maladie sont, dans leur quasi-totalité, incapables de travailler normalement. Un tableau des plus inquiétants mais qui pourraient bien s’éclaircir tant les percées intervenues récemment dans la compréhension, la prévention et même la réversion des cas d’Alzheimer les moins évolués semblent inédites. « Jamais, de mon vivant, je n’ai pu observer autant de découvertes révolutionnant de cette manière la compréhension d’une pathologie », s’étonne le Dr Jean-Paul Curtay. Et ces percées quelles sont-elles ?
Le rôle central de l’altération des protéines
Elles concernent d’abord la compréhension des maladies neurodégénératives liées au vieillissement que sont notamment Alzheimer et Parkinson. Alors que l’on pensait communément que la maladie d’Alzheimer trouvait sa seule cause dans une altération de l’ADN, nous nous sommes aperçu que le développement de la maladie était en réalité multifactoriel et que l’altération des protéines jouait un rôle central dans l’apparition de maladies neurodégénératives liées au vieillissement. « En réalité, explique Jean-Paul Curtay, l’Alzheimer et la maladie de Parkinson peuvent être classées dans la même catégorie que la maladie de la vache folle : ce sont des protéines pathogènes se diffusant d’un neurone à l’autre qui sont à l’origine de la dégénérescence ». Et dans l’apparition de ces protéines pathogènes, on compte parmi les principaux déclencheurs sont l’impact du stress qui, à lui seul, est capable de détruire des neurones de l’hippocampe (structure cérébrale liée à la consolidation de la mémoire) et le manque de sommeil dont le rôle est également déterminant « puisque c’est la nuit que l’on répare nos neurones et que l’on évacue nos protéines pathogènes ».
A souligner également, l’effet particulièrement néfaste de la sédentarité mis en évidence en mars 2015 par l’étude du Professeur Finger menée en Finlande ainsi que le rôle capital joué par l’alimentation. A cela s’ajoute encore les pollutions de toutes natures (les particules de fer constituent un catalyseur de la destruction des neurones et les microplastiques concentrant des perturbateurs endocriniens jouent également un rôle déterminant) qui, enflammant nos organes, entraînent une neuro-inflammation de l’hippocampe, centre de la mémoire affecté par Alzheimer. Outre la pollution, nous savons aujourd’hui que les phénomènes de dysbiose (inflammation du tube digestif) se répercutent directement sur le cerveau : « certains oncologues ont d’ailleurs montré que les protéines pathogènes responsables de la maladie de Parkinson apparaissent dans le tube digestif avant de remonter dans le cerveau via le nerf vague », explique encore Jean-Paul Curtay. Tout comme Parkinson, Alzheimer, cette maladie neurodégénérative liée au vieillissement, est donc directement causée par les déchets que nous fabriquons quand nous sommes sujet à de l’inflammation. Dans ce contexte, comment prévenir, contenir ou inverser la maladie ? Les travaux du neurologue californien Dale Bredesen, à l’origine d’un protocole permettant d’inverser les symptômes de la maladies d’Alzheimer, à tout le moins pour les cas les moins avancés, sont à cet égard particulièrement intéressants.
Alzheimer : le protocole Bredesen
L’un des piliers du protocole Bredesen est le mode de vie CétoFlex dont le régime alimentaire associé au jeûne intermittent et à l’exercice physique constituent les trois principaux axes. Il s’agit principalement de mettre en place une alimentation cétogène (permettant d’assurer l’état de cétose (état métabolique dans lequel la graisse non saturée fournit la majeure partie du carburant pour le corps) en privilégiant les aliments gras non saturés et en limitant les protéines -la viande notamment qui est la protéine la plus inflammatoire-, les glucides -les céréales raffinées en particulier- et les laitages).
Le régime fait évidemment une large place aux végétaux de toute nature. « A noter que privilégier les aliments riches en polyphénols (antioxydants des fruits et légumes) limitent encore les facteurs de risques : parmi ces derniers les plus anti inflammatoire sont le thé vert, le chocolat noir, le curcuma, la grenade ou encore la betterave », indique Jean-Paul Curtay. Permettant le plus souvent d’atteindre l’état de satiété plus rapidement, un tel régime a la particularité de limiter le nombre de calories ingérées, ce qui permet de contenir l’inflammation et de limiter l’apparition des maladies liées au vieillissement que sont Alzheimer mais également le cancer.
D’autres facteurs stimulent la réparation neuronale : il s’agit en particulier de l’activité physique capable de fournir l’énergie nécessaire aux neurones pour se réparer et du jeûne intermittent quotidien (prévoir de 13 à 16h sans manger). « Le jeûne, lorsqu’il est correctement pratiqué, constitue en effet un outil très intéressant, explique Jean-Paul Curtay : l’idée est de manger végétarien tôt le soir et de sauter le petit déjeuner le lendemain matin. Les études documentent que cela est très efficace ! » A noter enfin que l’optimisation du sommeil est extrêmement importante pour la prévention et le traitement de la maladie d’Alzheimer tout comme l’est la limitation du stress ! Sois donc « sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille », pourrait-on vous conseiller, n’en déplaise à Charles Beaudelaire !
Alzheimer, les tests de détection
En cas de doute, le plus simple est de commencer par un test à faire soi-même : le MMSE (Mini Mental state examination) est disponible gratuitement sur internet. Il existe par ailleurs des consultations de mémoire de proximité et il peut être utile de se soumettre à une cognoscopie pour évaluer une suspicion de dégradation anormale. Enfin, une IRM cérébrale permet de mesurer la taille de l’hippocampe et il peut également être utile de réaliser un Pet scan avec un glucose marqué permettant de voir comment se nourrissent les neurones.
Pour en savoir plus :
Dr Dale Bredesen, La Fin d’Alzheimer, Le programme, Editions Thierry Souccar, 2021.
Dr Jean-Paul Curtay, Vous n’aurez pas Alzheimer, Editions Leduc, août 2021.