Quelle alimentation pour se protéger du cancer du pancréas ?
Le nombre de cancers du pancréas a bondi de 248 % en près de quarante ans. Un chiffre qui donne le tournis ! Alors est-il possible de s'en prémunir ? S'il n’existe pas d’aliments « anti-cancer » à proprement parler, certains diminuent les risques sur la santé, et notamment sur le pancréas. Comme le souligne le docteur Yeter Gökburun, cheffe de service adjointe au service de gastro-enterologie et oncologie digestive au Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM), la littérature a démontré le rôle crucial de l'alimentation dans la prévention des cancers, et cela est également le cas pour le très redouté cancer du pancréas. On fait le point.
Selon la SNFGE (Société Nationale Française de Gastro-Entérologie), depuis les années 1980, l'incidence du cancer du pancréas a augmenté de 248 %. Un chiffre éloquent, qui nous montre que, plus que jamais, nous ne sommes pas à l’abri de soucis de santé, quels qu’ils soient. Et si le cancer du pancréas intervient souvent chez les personnes les plus âgées et les plus à risques (surpoids, tabac, mauvaises habitudes alimentaires, etc.), il est toujours bon de le prévenir. Cela peut notamment passer par notre hygiène de vie, et par le contenu de notre assiette !
Selon Dr. Yeter Gökburun, cheffe de service adjointe au service de gastro-enterologie et oncologie digestive au Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM), "beaucoup d'études scientifiques ont démontré le rôle crucial de l'alimentation dans la prévention des cancers et cela est également le cas pour le très redouté cancer du pancréas."
Dans les faits, il n’existe pas réellement d’aliments « anti-cancer », et ces derniers ne sont pas des remèdes miracles. Toutefois, certains d’entre eux peuvent contribuer à améliorer le capital santé global, et notamment, les risques sur le pancréas. Pour obtenir des conseils avisés d’un.e professionnel.le, n’hésitez pas à vous rendre chez votre médecin traitant. Voici néanmoins quelques pistes d’aliments à privilégier et de réflexes à éviter pour tenter de se protéger au mieux de ce cancer.
Cancer du pancréas : les aliments à privilégier
S'il n’existe pas d’aliment magique, dans une perspective générale, le Dr. Yeter Gökburun nous indique qu’"une alimentation méditerranéenne, enrichie en oméga-3, saine et variée permet de réduire le risque de survenue de tout cancer." Dans la même optique, certains aliments peuvent être privilégiés.
1. Les fruits rouges
Avec la fraise en haut du podium, les fruits rouges sont de parfaits alliés santé. En effet, en plus d'être goûteux et bourrés d’acide ellagique, les fruits comme la fraise ou les myrtilles sont les meilleurs outils pour prévenir le cancer du pancréas. De plus, la plupart des fruits rouges sont des bombes d’antioxydants, ce qui permet de maintenir une santé de fer au quotidien, garantie sans radicaux libres !
De plus, les fruits rouges comme la fraise, la myrtille ou la grenade contiennent de la lutéoline (3,4,5,7-tétrahydroxy flavone), un flavonoïde que l’on retrouve aussi dans le kiwi ou les agrumes. Selon Dr. Yeter Gökburun, "ces aliments riches en lutéine permettent de bloquer la prolifération des cellules tumorales".
2. La tomate
Ce fruit, à la fois charnu et très polyvalent, est une mine de lycopène. Concrètement, le lycopène est un composant riche en antioxydants, qui donne à la tomate sa belle couleur rouge, mais pas seulement. On attribue régulièrement des propriétés antitumorales et anti-cancéreuses à ce pigment. Et quand on sait que la tomate est le fruit qui en contient le plus, on comprend rapidement pourquoi elle fait partie de cette liste.
À noter qu’en cuisant la tomate, le taux de lycopène augmenterait. Tomates farcies pour tout le monde !
3. L’huile d’olive
Avec l’huile de chanvre, l’huile de colza ou encore l’huile de lin, l’huile d’olive fait partie de ces aliments à intégrer dans son régime alimentaire pour se prémunir au mieux des risques de cancer. À consommer biologique et pressée à froid, l’huile d’olive se compose d’acide oléique, un ingrédient qui aurait des vertus contre le cancer du pancréas. Cet acide gras naturel est à consommer avec modération, mais est très présent dans l’huile d’olive. Un petit filet sur ses tomates, et le tour est joué !
4. Les choux
Qu’il s’agisse du chou de Bruxelles ou du brocoli, le chou fait partie des aliments les plus intéressants pour essayer de se protéger du cancer du pancréas. Riche en acide folique et en molécules potentiellement anti-tumeurs, le chou (et les crucifères en général), serait à consommer le plus cru possible de préférence, afin de bénéficier de tous ses bienfaits. Le Dr. Yeter Gökburun explique : "Le chou, via l'acide folique qu'il contient, aurait également démontré un bénéfice en permettant de réduire de près de 40 % le risque de survenue du cancer pancréatique, moyennant une consommation hebdomadaire." Ça vaut le coup de l’intégrer, ses goûts variés et ses manières de le présenter ne vous lasseront pas.
5. Le curcuma
Si on retrouve souvent le curcuma dans les compléments alimentaires, il y a une raison : il est très bon pour la santé. Cette épice à la belle couleur jaune est une pépite lorsqu’on cherche un aliment antioxydant. Mais pas seulement, puisque dans la médecine ayurvédique (grâce à laquelle on le connaît), on le considère également comme un formidable aliment anticancer, qui a déjà été testé sur des patients atteints d’un cancer du pancréas, notamment grâce à la curcumine qu’il contient. Pour Dr. Yeter Gökburun, "le curcuma est un anti-oxydant. Dans une étude américaine, des souris présentant un cancer du pancréas ont reçu jusqu'à 3 injections par semaine de curcuma, ce qui a provoqué une diminution de l'évolution des cellules tumorales jusqu'à > 40% chez les souris ayant reçu le curcuma". Le fait est qu’au-delà de ses potentiels pouvoirs, le curcuma est avant tout très bon pour la santé, à consommer régulièrement !
6. Le thé vert
Pas si loin de la boisson plaisir que l’on consomme pour le goûter ou au réveil, le thé vert possède d’autres propriétés qui en font un compagnon parfait pour se protéger du cancer du pancréas. En effet, on considère que le thé vert possède des bienfaits anti-cancéreux, notamment grâce à la présence de catéchises, de puissants antioxydants capables de limiter la progression d’une tumeur. Et si on le privilégie en vrac, il n’en reste pas moins que le thé vert peut tout à fait s’accorder à une alimentation variée.
Cancer du pancréas : les choses à ne pas faire
Le cancer du pancréas est une maladie grave, contre laquelle il est difficile de lutter. Et certaines habitudes alimentaires sont tout à fait déconseillées lorsqu’on souhaite mettre toutes les chances de son côté pour s’en protéger.
Typiquement, si le tabac est un ennemi de la bonne santé, côté assiette, la charcuterie n’est pas recommandée en grosses quantités. Pour Dr. Yeter Gökburun, "nous savons qu'une alimentation riche en matières grasses, la consommation de viandes cuites à haute température, surtout la viande rouge ainsi que les aliments fumés et transformés sont des facteurs favorisants du cancer du pancréas. Il faut privilégier le poisson ou la volaille".
Cuire de la viande rouge dans du beurre reste un plaisir que l’on peut consommer de façon occasionnelle. De la même manière, si les “bonnes graisses” comme l’huile d’olive sont recommandées, un apport trop important en mauvais gras (via les produits laitiers par exemple), n’est pas bon pour se protéger des risques cancéreux.
Enfin, les boissons trop sucrées comme les sodas resteront aussi des plaisirs ponctuels, notamment en raison de leur composition, pas toujours très bonne pour l’organisme. L’idéal est de privilégier une alimentation la plus variée et équilibrée possible, afin de construire peu à peu ce bouclier santé dont on rêve toutes et tous !
Il n’en reste pas moins que pour la cheffe de service adjointe au service de gastro-entérologie et oncologie digestive au Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM), "malheureusement, l'éviction de ces aliments et mauvaises habitudes, ne vous permettra pas à 100 % d'échapper à la maladie car il existe bien d'autres facteurs, en particulier le facteur génétique de l'individu."
- Interview de docteur Yeter Gökburun, cheffe de service adjointe au service de gastro-enterologie et oncologie digestive au Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM)