Éducation positive : comment dire non à ses enfants, en restant positif

Education positive
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Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
En collaboration avec Nadège Larcher, psychologue, formatrice en communication bienveillante et co-fondatrice d’Apprendre à communiquer.
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Répéter constamment les « non » n’est amusant ni pour les parents ni pour les enfants et peut créer des tensions dans la famille. L’éducation positive peut être une solution pour faire face à cette situation.

Savoir poser des limites à son enfant, c’est tout l’enjeu de l’éducation. Un passage obligé parfois difficile à vivre pour petits et grands tant il faut répéter les mêmes règles inlassablement et poser des interdits. Depuis quelques années l’éducation positive émerge de plus en plus en France, notamment grâce à une large variété d’ouvrages publiés sur le sujet. Elle peut aider à dire non à son enfant d’une façon bienveillante.

Qu’est-ce que l’éducation positive ?

"L’éducation positive ou éducation bienveillante est une approche éducative qui consiste à renforcer positivement l’enfant, à prendre en compte son développement, à se concentrer sur les éléments positifs et être dans une communication la plus bienveillante possible", explique Nadège Larcher, psychologue, formatrice en communication bienveillante à Tours et co-fondatrice d’Apprendre à communiquer. Adopter ce type d’éducation ne signifie pas renoncer à dire non à son enfant. Ce n’est pas non plus une méthode magique qui permet d’être entendu du premier coup. Là aussi, il faut répéter les consignes très souvent car l’enfant a un cerveau encore trop immature pour être raisonnable par lui-même, pour réguler ses émotions et réprimer ses envies.

Dans l’éducation positive ou bienveillante, c’est finalement l’approche qui change, la manière de formuler ses phrases pour construire une relation de confiance et de respect mutuel plutôt que d’imposer et contrôler par la peur. "On a le choix entre être un parent « potier » qui prend de la glaise et la modèle, la façonne pour en faire ce qu’il veut ou être un parent « jardinier » qui fait pousser sa graine, arrose sa plante, lui sert de tuteur, sans tirer sur sa tige pour ne pas la casser ", image la psychologue.

Dire « non » à son enfant, une nécessité

Même si dire « non » à son enfant et lui poser des limites peut être éprouvant à la longue, cela reste une nécessité. En tant que parent, vous lui apprenez ainsi ce qu’il peut faire ou pas en société, quels sont les comportements attendus pour vivre en harmonie avec les autres. Non il ne peut pas taper ses camarades quand il n’est pas content, ni prendre les bonbons à la boulangerie sans les payer… C’est au sein du foyer familial qu’il apprend en premier lieu toutes ces règles.
Le « non » sert également à veiller sur lui et sa sécurité. Il ne peut ainsi pas toucher la porte du four qui est brûlante ou traverser la rue sans tenir la main d’un adulte...

Dans l’éducation positive ou bienveillante, c’est finalement l’approche qui change, la manière de formuler ses phrases pour construire une relation de confiance et de respect mutuel plutôt que d’imposer et contrôler par la peur. "On a le choix entre être un parent « potier » qui prend de la glaise et la modèle, la façonne pour en faire ce qu’il veut ou être un parent « jardinier » qui fait pousser sa graine, arrose sa plante, lui sert de tuteur, sans tirer sur sa tige pour ne pas la casser ", image la psychologue.

Comment dire « non » en restant positif ?

Il existe plusieurs techniques pour communiquer de manière positive avec son enfant tout en gardant cette nécessité de poser des limites et/ou de dire « non ».

  • « Oui quand », « oui après » : Votre enfant réclame un bonbon ? Pour atténuer le « non », vous pouvez lui répondre « oui après le repas », « oui quand nous serons de retour à la maison »… « Un enfant de 2 ans entend en moyenne un « non » toutes les 10 min. Parfois, il est possible de dire « oui » avec une projection dans le temps », propose Nadège Larcher. Cette astuce permet de satisfaire en partie sa demande et de limiter sa frustration tout en ne cédant pas sur le fait que ce n’est pas possible pour l’instant.
  • Privilégier les phrases affirmatives : Il est plus facile pour un enfant de comprendre les phrases affirmatives que les négatives. Cette manière de parler reste positive. « Au lieu de dire « non, ne va pas là-bas » préférez « reste ici, s’il te plaît ».
  • Stop : Votre bambin avance sa main vers la prise de courant ? Il envoie le ballon en direction des fenêtres de la maison ? Là aussi, la psychologue suggère de remplacer le « non » par un « stop ». C’est une autre manière moins classique d’arrêter son enfant qui y prêtera davantage attention. Vous conservez le « non » pour d’autres moments.
  • Le compromis : Il veut aller tout seul à l’école mais vous le trouvez encore trop jeune ? "Pour accompagner son envie d’autonomie, plutôt que de lui répondre « non », vous pouvez chercher un compromis : « Je te propose de te laisser au bout de la rue et je continue de te suivre du regard »", suggère Nadège Larcher.
  • Différer sa réponse : Si vous n’êtes pas sûr(e) de la réponse que vous souhaitez donner, au lieu de dire « non » d’emblée, vous pouvez expliquer à votre enfant que vous avez entendu sa demande et que vous allez prendre le temps d’y réfléchir. Ainsi, vous aurez un délai pour trouver une formulation plus adaptée si vous devez refuser sa demande.
  • Faire appel à la communication non violente : L’éducation positive s’appuie sur la communication non violente (CNV). Celle-ci passe par 4 étapes résumées par les lettres OSBD (observation, sentiment, besoin, demande) : Observer les faits sans les juger « j’entends que tu as très envie d’avoir un scooter pour te déplacer seul », exprimer ses sentiments par rapport à cette situation « te savoir sur un scooter me fait très peur », dire ses besoins par rapport à cette situation « j’ai besoin de te savoir en sécurité », demander quelque chose de précis « peux-tu me proposer une autre solution plus sûre pour te déplacer par toi-même ? ». Cette technique permet à l’enfant de comprendre ce qui motive ce refus et d’essayer d’être actif en proposant une solution qui convienne à tous. Le dialogue est ainsi toujours possible.

Enfin, ne culpabilisez pas de dire « non ».  "Ce serait une erreur de croire que dans l’autorité il n’y a pas d’amour. L’amour entre un enfant et son parent est inconditionnel. C’est important de ne pas rentrer dans le chantage affectif et de dire à son enfant qu’on continue de l’aimer et que ça ne peut pas être remis en question. Dire « non » c’est aussi une preuve d’amour ", conclut la psychologue.