Acné : la micro-algue révolutionnaire qui en viendra à bout !

microalgues acné
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© Pexels
Par Charlotte Vierne publié le
Journaliste indépendante
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L’Ifremer, institut de recherche en sciences marines français pourrait bien être à l’origine d’une innovation qui révolutionnera bientôt le traitement de l’acné. L'organisme vient de breveter le pigment d’une microalgue capable, par photosensibilisation, de détruire les bactéries pathogènes responsables de cette dermatose. Explications.

Une microalgue révolutionnaire invisible à l’œil nu pourrait bien venir à bout de votre acné. Alors que, malgré les traitements conventionnels existants, cette dermatose gâche encore la vie de millions d’adolescents et d’adultes, l’Ifremer, institut de référence en sciences et technologies marines basé à Nantes, a breveté en octobre 2021, un extrait de microalgue particulièrement efficace contre les bactéries à l’œuvre dans le déclenchement des poussées acnéiques. Une découverte, presque fortuite, réalisée alors que l’Ifremer menait une recherche pour valoriser l'intérêt des microalgues dans le traitement du cancer. 

Une technique usitée dans le traitement des cancers

Tout a commencé avec le programme « Photomer », lancé en 2011 par l’Institut de recherche marine, pour évaluer la possibilité d’utiliser les microalgues en photochimiothérapie, une photothérapie dynamique utilisée en seconde intention dans le traitement des cancers, notamment pour nettoyer la zone traitée après une exérèse (intervention chirurgicale visant à enlever une tumeur).

Courante dans les services d’oncologie, cette technique consiste à mettre en contact la zone à traiter, en l’occurrence la tumeur, avec un photosensibilisant : il en existe de naturels chez les végétaux qui, à l’instar de la chlorophylle, ont des propriétés telles que, lorsqu’on les excite en les exposant à une forte dose de lumière, ils libèrent alors leur énergie dans leur environnement proche et créent ce que l’on appelle des « espèces réactives de l’oxygène » (espèces chimiques oxygénées telles que des radicaux libres, des ions oxygénés et des peroxydes) ayant une action délétère avec les cibles en contact avec le pigment, ici la tumeur.

"C’est en réalité une réaction en cascade qui fait que ces formes excitées d’oxygène vont avoir l’effet d’une grenade sur les cellules cancéreuses", explique Jean-Baptiste Berard, ingénieur en biologie marine à l’Ifremer. Dès lors, et partant de cette technique couramment usitée dans les établissements hospitalier, l’Ifremer a monté un projet de recherche pour mettre en évidence la grande diversité de végétaux marins microscopiques (le phytoplancton, soit l’ensemble des microalgues vivant dans les systèmes aquatiques) susceptible de se révéler utile pour l’utilisation de cette technique dans le traitement du cancer. "Les microalgues, ces organismes microscopiques unicellulaires disposent bien souvent de pigments assez singuliers et atypiques, que l’on ne retrouve pas forcément chez les végétaux terrestres : nous nous sommes donc dit que nous allions aller rechercher dans cette biodiversité de nouveaux pigments susceptibles d’être intéressants pour la photothérapie dynamique des cancers".

Courante dans les services d’oncologie, cette technique consiste à mettre en contact la zone à traiter, en l’occurrence la tumeur, avec un photosensibilisant : il en existe de naturels chez les végétaux qui, à l’instar de la chlorophylle, ont des propriétés telles que, lorsqu’on les excite en les exposant à une forte dose de lumière, ils libèrent alors leur énergie dans leur environnement proche et créent ce que l’on appelle des « espèces réactives de l’oxygène » (espèces chimiques oxygénées telles que des radicaux libres, des ions oxygénés et des peroxydes) ayant une action délétère avec les cibles en contact avec le pigment, ici la tumeur.

Dès lors, l’ingénieur qui se retrouve avec "ces supers résultats" sur les bras sans pour autant être en mesure d’aller vers une application médicale a une idée lumineuse : pourquoi ne pas se tourner vers une autre application ciblée qui ne nécessiterait pas d’aller en pharmacologie mais pourrait être destinée au secteur dermo-cosmétique ?

Car, la technique présente l’avantage d’être non spécifique : "contrairement à certaines molécules qui vont cibler spécifiquement tel ou tel type cellulaire, la technique a un bon côté : elle pourrait potentiellement être utilisée pour des cibles très variées allant des cellules cancéreuses aux bactéries pathogènes, et pourquoi pas aux parasites !" Or, une pathologie telle que l’acné fait précisément intervenir des bactéries pathogènes et pour cette dermatose, un besoin criant se fait sentir pour trouver des alternatives efficaces aux antibiotiques et aux rétinoïdes.

Un actif naturel bientôt disponible sans ordonnance !

Fort de ce constat, le chercheur et son équipe évalue l’efficacité in-vitro de la Skeletonema marinoi sur différentes bactéries impliquées dans le processus acnéique : la Cutibacterium acnes et deux Staphylocoques, epidermidis et aureus. "Il s’agit de trois bactéries intéressantes que nous avons pris en compte pour nos études in vitro car l’acné est causée par une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre bactérien provoquant un changement dans les populations et la virulence des bactéries de la peau. Il est alors intéressant d’aller traiter et abattre les populations pathogènes qui prolifèrent", indique Jean-Baptiste Berard.

Le chercheur a donc l’idée d’un usage topique : une crème à appliquer sur la zone à traiter et qu’il suffira ensuite de photoactiver soit par une exposition solaire en lumière du jour, soit par le biais d’appareils de luminothérapie et, pourquoi pas, même par un smartphone ! 

Les résultats de l’étude in vitro sont très positifs et "ce qui est intéressant et que nous n’avions pas forcément anticipé, ajoute le chercheur, c’est que si nous avons pu observer l’activité antibactérienne de la Skeletonema marinoi après photoactivation, nous avons également pu mesurer qu’elle avait une activité très complémentaire dans le contexte acnéique puisqu’elle réduit la production de sébum : elle coche donc au moins deux cases intéressantes !"

Actuellement en discussion avec des industriels pour développer la crème, l’Ifremer estime qu’elle pourrait être commercialisée sans ordonnance d’ici quelques années. Avec un peu de patience, nous pourront donc enfin en finir avec l’acné ! Et, l’Ifremer l’affirme, le potentiels curatifs des microalgues pourrait se révéler important : "La biodiversité des microalgues des océans est assez importante, et nous savons de manière générale qu’une grande biodiversité abouti à une très grande chémodiversité soit à des molécules très variées ; il s’agit là d’un réservoir d’innovations pour la dermo-cosmétique ou la pharmacologie susceptible d’apporter demain, des réponses efficaces dans le traitement de certaines pathologies."