“Il ne faut pas changer l’agriculture, il faut changer le monde”, Jean-Guy Henckel
Jean-Guy Henckel, ancien sociologue, est l’un des fondateurs des Jardins de Cocagne, des exploitations maraîchères biologiques à vocation sociale. Pour lui, c'est par ce contact avec la terre que l'on peut se reconnecter à sa vie. À l’occasion de La Bio dans les Étoiles, Bio à la Une s’est entretenu avec lui.
Les Jardins de Cocagne développent depuis les années 90 des exploitations maraîchères bio à vocation d’insertion sociale et professionnelle. Cette association non-lucrative propose également des paniers de légumes bio en circuit-court. Cette action solidaire promeut une alimentation bio, locale, solidaire et citoyenne.
25 ans d’agriculture bio et d’aventure humaine
Les Jardins de Cocagne ont débuté dans les années 1990, avec pour but d’allier solidarité, écologie et économie locale. Aujourd’hui, l’association compte 101 jardins actifs un peu partout en France et fait partie des acteurs majeurs dans le secteur de l’insertion par l’activité économique : “On a adopté une démarche très particulière qui est de vouloir faire de l’économie, du social et de l’écologie en même temps. C’est terriblement compliqué et dur, puisque ce sont trois sœurs ennemies qui se détestent.”
Les exploitations maraîchères sont actives toute l’année et possèdent environ 5 hectares en moyenne. Elles emploient des personnes isolées, en difficultés, des jeunes ou des femmes. Elles sont encadrées par des maraîchers professionnels et des accompagnateurs sociaux.
“On profite de ce support qu’est la terre, de l’agriculture biologique, de faire pousser 80 légumes différents, pour aider les gens à retrouver pieds dans leur vie”.
L’association a aussi été la première structure à proposer des paniers de légumes à des adhérents consommateurs. Cette économie en circuit court bénéficie autant aux adhérents qu’aux producteurs.
© JdC - Les potagers du Garon
Le retour à la terre comme une renaissance
4000 salariés en insertion par an et 750 permanents travaillent aujourd’hui dans Les Jardins de Cocagne. “On découvre des vocations dans ces gens-là”. Parmi eux, entre 200 et 300 exploitations en France ont appris leur métier grâce à l’association et sont aujourd’hui désormais à leur compte. Les Jardins de Cocagne portent leurs fruits.
“C’est un passage dans leur vie qui leur aura permis de se reconstruire, comme un passage à l’hôpital.”
Bien plus qu’un potager solidaire, l’association découvre en chacun des apprentis jardiniers quelque chose qui les animent, pouvant les réinsérer dans un secteur professionnel. L’agriculture solidaire est aussi un moyen de répondre à la demande des consommateurs, et du manque de main-d’œuvre dans le secteur du bio.
“On a gagné la guerre culturelle”
L’association n’a pas attendu que les pouvoirs publics leur disent de changer les choses. À force de temps, d’énergie et de bienveillance, elle a réussi son pari et n’en tire que du succès grâce à ces 101 jardins en pleine activité.
© Christophe Goussard - JdC - Thaon-Les-Vosges
“Je ne crois pas aux innovations sociales qui viennent d’en haut. L’innovation social vient toujours d’en bas.”
L’enjeu est de continuer à travailler sur l’agriculture de demain : trouver un modèle économique attractif, penser à une industrialisation du bio. Le développement durable ne peut s'inscrire que dans le temps. “Si vous voulez changer quelque chose, commencez par changer votre alimentation. Ce n’est pas qu’une histoire d’intestins et d’estomac.”
© JdC - Les potagers du Garon
Image à la Une : © Solembio - Jardin de Cocagne