Enquête France 3 : des pesticides retrouvés dans un lot de carottes bio

Par Elodie Sillaro publié le
Journaliste
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Deuxième légume le plus consommé par les Français, la carotte a fait l’objet d’une enquête de France 3. Les journalistes de la chaîne ont eu l'idée de faire tester huit marques de carottes bio et non bio. Résultat, une marque d’enseigne bio pose problème…

Pour leur enquête, les journalistes de France 3 se sont rendus dans huit grandes enseignes et ont récolté des échantillons de carottes produits en France : quatre lots issus de l’agriculture conventionnelle et quatre autres de l’agriculture biologique.

1 échantillon bio incriminé

Les échantillons ont été envoyés en laboratoire pour analyser les éventuelles traces de pesticides. Du côté des carottes issus de l’agriculture conventionnelle, les lots en provenance de Carrefour et Leader Price n’ont pas révélé de traces de pesticides contrairement à Lidl et du primeur du quartier. Côté bio, les carottes Carrefour, Naturalia et La Vie Claire sont "irréprochables". En revanche, point noir pour les carottes Bio c’ Bon qui présentent "des résidus de trois produits phytosanitaires totalement interdits dans la culture biologique".

Contacté par France 3, l’enseigne biologique dément la fraude : "L’évolution de l’écosystème peut expliquer la présence de quantité infime de ces produits mais ne saurait remettre en cause la rigueur et le process biologique de nos producteurs. La qualification bio n’est donc pas susceptible d’être remise en cause". Pour l’association de consommateur UFC-Que Choisir, si les taux restent faibles, “éthiquement, ce n'est pas une bonne nouvelle".

Sur son compte Facebook, Bio c’ Bon répond :

Contacté par France 3, l’enseigne biologique dément la fraude : "L’évolution de l’écosystème peut expliquer la présence de quantité infime de ces produits mais ne saurait remettre en cause la rigueur et le process biologique de nos producteurs. La qualification bio n’est donc pas susceptible d’être remise en cause". Pour l’association de consommateur UFC-Que Choisir, si les taux restent faibles, “éthiquement, ce n'est pas une bonne nouvelle".

Nous avons contacté l'enseigne pour en savoir plus. Sophie Bouvard - secrétaire générale de Bio c' Bon - nous explique qu'après avoir reçu l'enquête de France 3, l'équipe a immédiatement fait analyser des lots de carottes. Surprise, aucun résidu de pesticides n'a été détecté (les analyses sont à retrouver ici). En revanche, l'équipe de journalistes ne leur a ni communiqué les procédés d'analyses, ni le numéro du lot contaminé. "Ce lot peut avoir été contaminé à n'importe quel moment chez l'agriculteur, comme lors du transport, du stockage et même via les autres échantillons de carottes de France 3. Les points de contamination sont nombreux". La secrétaire générale assure que tous ses fournisseurs sont certifiés bio et contrôlés par Écocert.

"Nous avons des audit réguliers, des contrôles inopinés et des visites mensuelles. Les contrôles sont très stricts. Toutefois, nous prenons au sérieux ce genre d'alerte et nous travaillons avec Ecocert pour comprendre ce qui a pu se passer. On redouble de vigilance pour offrir aux consommateurs des produits de qualité et on va multiplier les contrôles."

Est-ce que le bio, c’est vraiment bio ?

Pendant longtemps, cette question a été régulièrement posée et a trouvé une réponse. Oui, le bio c’est du vrai bio ! Le cahier des charges défini par le Ministère de l'Agriculture (Agence bio) et permet d'attester d'une certification délivrée par un organisme généralement privé. Il garantit principalement l’absence de pesticides dans les produits et les cosmétiques ainsi que l’absence d’OGM mais aussi la qualité et la traçabilité d'un produit issu de l'agriculture biologique destiné à la vente.

Les organismes certificateurs des entreprises privées ont pour mission de vérifier que les agriculteurs bios appliquent le règlement européen. Et, vice-versa, les agriculteurs, collecteurs, transformateurs et distributeurs doivent obligatoirement faire contrôler et certifier leur activité par un organisme accrédité pour commercialiser leurs produits comme biologique. Des contrôles sont alors mis en place : une fois par an minimum, plus un contrôle inopiné. Ces contrôles s’effectuent en deux temps : la première partie est administrative, quand la seconde se passe directement dans les champs. En cas de doutes, l’organisme certificateur peut faire un prélèvement et l’envoyer au laboratoire pour effectuer une analyse. Mais, ces analyses ne sont pas systématiques.

Et si le produit est contaminé ?

Dans le cas où l’analyse révélerait la présence de pesticides, l’agriculteur perd temporairement son label. C’est le cas de lot dit “défectueux”. En revanche, en cas de fraude, il le perd définitivement. Certaines marques font à nouveau analyser certains lots pour s’assurer de leur irréprochabilité.

Or, aucun agriculteur, aucune marque, ni aucun distributeur n’est à l’abri d’un lot défectueux. Mais, jusqu’à présent, toutes traces de ces substances chimiques, même accidentelles, déclassent le produit ou le champ sur lequel il pousse. Chez Bio c’bon, les lots contaminés sont passés à travers toute la chaîne d'approvisionnement et c’est là, le véritable problème.