Pêche électrique, entre boycott et légalisation
Activité décriée par les marins français, la pêche électrique et ses dangers subsistent au cœur du débat. La Commission européenne aurait volontairement ignoré les conclusions d’un rapport exhumé par l’association Bloom. Depuis, les ONG accusent la Commission de céder aux lobbys de la pêche industrielle.
Dimanche 7 janvier, Le Journal du dimanche et Libération ont révélé un scandale selon lequel la Commission européenne aurait volontairement ignoré les conclusions d'un rapport défavorable à la pêche électrique. Une révélation qui a suscité l'indignation quasi-générale, à l'heure où le Parlement européen s'apprête à voter l'autorisation de chaluts électrifiés, soupçonnés de ravages sur la faune des fonds marins.
Vers une possible légalisation ?
L’association Bloom, des ONG et des organisations de pêcheurs s’accordent à dire que la Commission européenne aurait éclipsé les conclusions scandaleuses de ce document. Interdite depuis 1998, la pêche électrique est au centre de toutes les polémiques. En effet, un comité d’experts scientifiques aurait mis en garde la Commission européenne dès novembre 2006 sur les dangers de ce mode de pêche avant que les dérogations aient pu être accordées.
"Non seulement l’organe scientifique de la Commission européenne n’a jamais donné son aval pour de telles dérogations, mais il a même explicitement déconseillé à la Commission européenne d’en accorder", s’indigne dans Libération le directeur scientifique de l’association Bloom, Frédéric Le Manach.
Si la réglementation limite la pêche électrique de chaque pays membre à 5% de leur flotte, les Pays-Bas dépassent largement les quotas autorisés avec 28 % de leur flotte. L’association Bloom accuse la Commission de céder aux lobbys néerlandais et dépose plainte en octobre pour non-respect des quotas autorisés.
"Non seulement l’organe scientifique de la Commission européenne n’a jamais donné son aval pour de telles dérogations, mais il a même explicitement déconseillé à la Commission européenne d’en accorder", s’indigne dans Libération le directeur scientifique de l’association Bloom, Frédéric Le Manach.
"Une décision illégitime, injustifiée, injuste et nuisible de décembre 2006 de lever l’interdiction de la pêche électrique en Europe. Cette décision génère des dégâts environnementaux et sociaux à grande échelle et met aujourd’hui en péril l’équilibre du secteur de la pêche européenne", indique le communiqué commun.
“Un Roundup des mers”
Selon les ONG environnementales, la pêche électrique entraîne de nombreux dégâts écologiques. Les chaluts câblés envoient des émissions qui électrocutent les poissons et fracturent leurs colonnes. Ils raclent les sédiments des fonds marins et épuisent les ressources halieutiques.
"Les poissons remontés dans les chaluts montrent souvent des brûlures, des ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l’électrocution", dénonce l’ONG.
L’association Bloom dénonce l’efficacité destructrice de la pêche électrique et ses impacts néfastes sur l’environnement et les ressources marines.
"Un RoundUp des mers, qui crée des déserts sous-marins", déclare un militant.
Tandis que le Parlement européen devrait se prononcer le 16 janvier concernant les pratiques décriées de ce type de pêche, plus de 200 chefs cuisiniers ont signé un manifeste contre ce mode de pêche, s’engageant alors «à n’acheter aucun produit de la mer issu de cette méthode de pêche».