L'huile de palme "décime" les espèces mais l'interdire serait vain indiquent des spécialistes !
Les plantations de palmiers à huile causent des dommages “considérables” sur les espèces. Cependant, l’interdire ne ferait que déplacer le problème, estime l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Depuis plusieurs années, l'huile de palme, utilisée principalement dans l'alimentation, est montrée du doigt par les défenseurs de l'environnement qui la considèrent comme l'une des plus grandes menaces pour la biodiversité tropicale, en raison de la déforestation qu'elle entraîne.
S'il note que d'autres pratiques agricoles comme les monocultures de soja et d'hévéas peuvent être "tout aussi néfastes", le rapport de l'UICN publié mardi constate un "impact négatif considérable sur la plupart des espèces".
Responsable d’une déforestation massive
Selon le texte, publié en marge d'une réunion à Paris de l'organisation de certification RSPO (Table ronde pour une huile de palme durable), les plantations de palmiers à huile sont responsables de moins de 0,5 % de la déforestation mondiale, mais ce chiffre peut monter à 50 % dans certaines zones.
La situation est particulièrement problématique en Indonésie et en Malaisie, les deux premiers producteurs mondiaux qui accueillent respectivement 60 % et 32 % des 18,7 millions d'hectares de plantations industrielles de palmiers à huile. Cette monoculture a ainsi été responsable de 50 % de la déforestation à Bornéo entre 2005 et 2015, avec un impact plus sévère dans la partie malaisienne qu'indonésienne.
L’huile de palme “décime” la biodiversité
Conséquence bien connue de cette déforestation massive, couplée à d'autres facteurs comme le braconnage, la population d'orangs-outangs a chuté de 25 % sur l'île cette dernière décennie. Mais gibbons, tigres et certaines espèces d'oiseaux sylvicoles sont également "gravement touchés", souligne le rapport.
La situation est particulièrement problématique en Indonésie et en Malaisie, les deux premiers producteurs mondiaux qui accueillent respectivement 60 % et 32 % des 18,7 millions d'hectares de plantations industrielles de palmiers à huile. Cette monoculture a ainsi été responsable de 50 % de la déforestation à Bornéo entre 2005 et 2015, avec un impact plus sévère dans la partie malaisienne qu'indonésienne.
D’autres huiles plus gourmandes ?
Malgré ce constat, l'organisation ne plaide pas pour une interdiction de l'huile de palme réclamée par certains militants.
“La moitié de la population mondiale utilise l’huile de palme pour son alimentation. Aussi, si nous l’interdisons ou la boycottons, d’autres huiles, plus gourmandes en terres, prendront très certainement sa place”, a commenté la directrice générale de l'UICN Inger Andersen dans un communiqué.
Le rendement d'huile de palme est en effet beaucoup plus élevé que celui d'autres huiles végétales, comme le tournesol ou le colza. La remplacer risquerait de nécessiter plus de terres et cela conduirait également à déplacer l'impact vers d'autres écosystèmes, comme les forêts d'Amérique du Sud ou la savane.
Vers une huile de palme “exempte de déforestation” ?
Dans la perspective de l'augmentation prévue de la production (de 165 millions de tonnes en 2013 à 310 millions en 2020), "nous devons chercher à avoir une huile de palme exempte de déforestation", plaide Erik Meijaard. Par exemple des plantations sur des zones écologiquement dégradées, et non à la place de forêts tropicales.
L’huile de palme issue de l’agriculture biologique certifiée par Ecocert Greenlife répond à un cahier des charges strict, notamment en ce qui concerne la conduite des cultures : les pesticides ne sont pas autorisés, ni les engrais de synthèse. Le rapport se montre en revanche prudent sur les labels pour une huile de palme durable, dont le RSPO et estime qu’il y a encore des efforts à faire.
"L’huile de palme certifiée s’est avérée, jusqu’à présent, à peine plus efficace pour empêcher la déforestation que son équivalente non-certifiée, mais l'approche est encore relativement nouvelle et possède un potentiel pour améliorer la durabilité", estime l'UICN.
Le rapport aborde également l'impact sur le changement climatique. Si les plantations de palmiers absorbent du carbone et que l'huile pourrait remplacer les combustibles fossiles, "il faudrait des décennies pour compenser le carbone libéré" par la destruction des forêts.