Un taux élevé de sucre dans le sang augmente le risque de tuberculose
Des millions de personnes dans le monde qui présentent un taux de sucre trop élevé dans le sang pourraient courir un plus grand risque de contracter la tuberculose, ont averti vendredi des spécialistes après la présentation de nouveaux travaux au cours d'un congrès de pneumologie à La Haye.
En 2017, près de 10 millions de personnes ont développé la tuberculose, une maladie infectieuse due au bacille de Koch, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les spécialistes craignent qu'une explosion des cas de diabète n'expose des millions d'autres patients au risque de contagion. Dans le cadre d'une étude présentée cette semaine à un congrès de pneumologie à La Haye, des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont analysé le sang de personnes souffrant de tuberculose et de diabète dans quatre pays : l'Afrique du Sud, la Roumanie, l'Indonésie et le Pérou. Ils ont ensuite procédé à des analyse de sang de personnes souffrant de tuberculose et présentant un taux de sucre élevé, mais n'atteignant pas le seuil du diabète. Ils ont découvert que les échantillons de sang de ces personnes non diabétiques contenaient les mêmes molécules que ceux des patients souffrant à la fois de tuberculose et de diabète.
"Cela indique qu'avant même qu'une personne développe un diabète, le risque de développer la tuberculose est plus élevé", a déclaré vendredi à l'AFP Ajay Kumar, directeur de recherches à l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies pulmonaires, qui n'a pas pris part à cette étude.
Dans certains pays comme l'Inde, où vivent un quart des personnes atteintes de tuberculose dans le monde, toute personne chez laquelle a été diagnostiquée cette maladie doit automatiquement être soumise à des examens pour le diabète, et vice et versa. M. Kumar a estimé que les services de santé de ces pays devraient également faire des dépistages pour la tuberculose chez les patients présentant simplement un taux élevé de sucre dans le sang. Selon lui, des "millions" de personnes dans le monde présentant un taux élevé de sucre courent des risques accrus. Le lien entre l'infection par le bacille de Koch et le diabète est connu, bien que mal élucidé. Le diabète diminue des défenses immunitaires, augmentant le risque de contracter la tuberculose.
"Une situation explosive"
Alors que selon l'OMS plus de 450 millions de personnes dans le monde souffrent d'un diabète de type II, une personne sur quatre est porteuse de la bactérie causant la tuberculose, une situation explosive selon les chercheurs. Paul Jensen, un responsable de l'Union internationale contre la tuberculose, a estimé que les pays les plus à risque étaient ceux où était présente la tuberculose à l'état latent et connaissant une forte augmentation des cas de diabète : l'Inde, le Pakistan, la Chine et plusieurs pays du sud-est de l'Asie. Une situation que l'on peut qualifier de "tempête", a-t-il déclaré à l'AFP, caractérisée par "le développement économique, un énorme taux d'infection par la bactérie de la tuberculose (qui reste à l'état) latent, et aussi ce problème d'escalade du diabète".
"Si on a en même temps la tuberculose et le diabète, le traitement est encore plus compliqué", a souligné M. Jensen. "Vous risquez davantage d'avoir de nouveau la tuberculose plus tard et de mourir", a-t-il ajouté. La lutte contre la tuberculose s'est davantage concentrée sur la prévention contre le SIDA, maladie affaiblissant le système immunitaire, et qui comme le diabète, augmente les risques de la contracter. Or, pour MM. Jensen et Kumar, de plus grands efforts doivent être déployés pour protéger les populations contre la tuberculose favorisée par le diabète.