Antilles : l'exposition aux brumes de sable augmente le risque de naissances prématurées
Être exposé aux brumes de sable, qui touchent périodiquement les Antilles d'avril à octobre, augmente le risque de prématurité, ont révélé des chercheurs de l'Inserm-Insert (Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail), dans une étude récemment publiée.
C'est la première fois qu'une étude fait le lien entre les brumes de sable, constituées de particules fines en provenance du Sahara, et le risque d'accoucher prématurément, a expliqué à l'AFP l'épidémiologiste Jean-François Viel, de l'Irset.
Air pollué et accouchement prématuré
En Guadeloupe, le taux de prématurité (naissance avant la 37e semaine de grossesse) s'établit à 15,6 %, plus du double de la métropole (6 %), a-t-il expliqué.
L'étude, publiée mardi dans la revue Occupational and environmental Medicine, "n'explique pas à elle seule" cette différence, "mais il y une association significative", a précisé le chercheur.
Elle s'appuie sur les données de santé recueillies dans la cohorte mère-enfants baptisée "Timoun" entre 2005 et 2008 et sur les concentrations atmosphériques en particules fines de diamètres inférieur à 10 microns (PM10), mesurées sur le site de surveillance de l'air de Pointe-à Pitre, Gwad'Air. L'étude montre qu'"à chaque fois qu'on augmente de 10 microgrammes par m3 l'exposition aux particules fines PM10, on multiplie le risque de prématurité par trois", fait valoir M. Viel.
L'étude, publiée mardi dans la revue Occupational and environmental Medicine, "n'explique pas à elle seule" cette différence, "mais il y une association significative", a précisé le chercheur.
Les Antilles victimes de pollutions multiples
L'Inserm avait déjà démontré que l'exposition au chlordécone, pesticide longtemps utilisé dans les bananeraies aux Antilles, augmentait aussi le risque de prématurité.
"On ne peut pas ériger un mur ou une barrière face aux brumes de sable", mais puisque les réseaux de surveillance de la qualité de l'air savent prévoir l'arrivée de ces brumes et alerter les populations :
"Il faut envisager des messages spécifiques et personnalisés, pour recommander aux femmes enceintes de rester chez elles" lors de ces phénomènes, estime M. Viel.
Martinique et Guadeloupe ont fait l'objet de plusieurs alertes rouges pour la qualité de l'air lié aux brumes de sable en 2018.
Les études sur les effets sanitaires liés aux brumes de sable ont jusqu'à présent été principalement menées sur le pourtour méditerranéen.
Des chercheurs espagnols ont déjà examiné l'influence des brumes de sable sur la prématurité, "sans trouver de lien", précise M. Viel. "Cela peut s'expliquer par le fait que les brumes de sable se transforment en fonction de la longueur du transport".