Déremboursement de l’homéopathie : le gouvernement choisit son camp
Alors que la Haute Autorité de Santé a récemment adopté un avis contre le remboursement des médicaments homéopathiques, l’Etat vient de rendre sa décision publique.
Ces derniers mois, le débat fait rage autour des médecines alternatives et l’homéopathie connaît son lot de critiques. Après avoir plaidé un manque de preuves scientifiques de son efficacité, la Haute autorité de santé (HAS) a considéré, le 28 juin dernier, que l'homéopathie ne devait plus être remboursée par la Sécurité sociale. Ce mardi, le gouvernement a annoncé qu’il se rangeait sur l’avis de la HAS et que ces produits pharmaceutiques ne seront plus remboursés d’ici un an et demi. Une décision non immédiate qui laisse dubitatifs à la fois les "anti-homéopathes" et les laboratoires.
Une décision en deux temps
Si la HAS ne reconnaît pas à l’homéopathie un intérêt thérapeutique suffisamment important, le gouvernement d’Emmanuel Macron considère que leur prise en charge par la solidarité nationale n’est pas justifiée. Dans un communiqué publié ce mercredi, Agnès Buzyn a annoncé qu’elle suivrait l’avis de la HAS en engageant une "procédure de radiation des médicaments homéopathiques de la liste des médicaments pris en charge par l’Assurance Maladie."
A partir du 1er janvier prochain, les médicaments homéopathiques, jusqu’ici remboursés à 30 % ne le seront plus qu'à 15 %. Et c’est à partir de 2021 qu’ils ne seront plus remboursées, a annoncé le ministère de la Santé.
“Fakemed”, le collectif de médecins "anti-homéopathie" s'est dit "déçu" de ce déremboursement "petit à petit".
"Passer à 15 % ça n'a pas de sens", a jugé François Morel, secrétaire de ce collectif, interrogé par l'AFP. "Un remboursement à 15 % cela correspond à un service médical rendu faible ou peu important, alors que la HAS a statué sur l'absence d'efficacité spécifique de l'homéopathie", a-t-il déploré.
L’étape intermédiaire mise en place permettra aux patients, aux industriels et aux prescripteurs de s’adapter à la réforme, explique Agnès Buzyn. La ministre des Solidarités et de la Santé précise toutefois que les laboratoires pourront continuer de fabriquer des médicaments homéopathiques et les Français d’en consommer.
Députés et laboratoires contre-attaquent
Face à cette décision, les laboratoires considèrent que plus de 1.300 emplois sont menacés (1.000 chez le français Boiron et 300 chez le français Lehning et le suisse Weleda). Le groupe Boiron, leader mondial de l’homéopathie, s’est insurgé contre cette décision jugée "incompréhensible et incohérente". Le laboratoire a demandé à être reçu "en urgence" par le président de la République, et a ainsi annoncé sa volonté de combattre une mesure "qui va à l'encontre d'une pratique éminemment populaire".
De nombreux députés et élus régionaux se sont prononcés pour le maintien du remboursement, mettant en avant l'activité économique générée, le "pouvoir d'achat" et la "liberté de choix des patients". Le président des Hauts-de-France (ex-LR) l’ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand ont ainsi demandé à Emmanuel Macron de "maintenir un taux de 15 %" au moins. Pour Michèle Rivasi, députée européenne EELV, cette mesure "va entraîner le retour des guérisseurs sans formation", a t-elle regretté dans un communiqué. "Le patient sera le premier perdant du déremboursement de l'homéopathie. Idem pour la Sécu puisque les malades se tourneront vers des médicaments plus chers. Cela va priver l'homéopathie de la légitimité d'être enseignée en universités avec les médecins contrôlés et formés”, conclut-elle.
Députés et laboratoires contre-attaquent
Face à cette décision, les laboratoires considèrent que plus de 1.300 emplois sont menacés (1.000 chez le français Boiron et 300 chez le français Lehning et le suisse Weleda). Le groupe Boiron, leader mondial de l’homéopathie, s’est insurgé contre cette décision jugée "incompréhensible et incohérente". Le laboratoire a demandé à être reçu "en urgence" par le président de la République, et a ainsi annoncé sa volonté de combattre une mesure "qui va à l'encontre d'une pratique éminemment populaire".
- AFP
- Communiqué de presse Agnès Buzyn
- Communiqué de presse Michèle Rivasi
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