Pollution et réchauffement climatique : ils se battent pour la planète, nous pouvons les aider !
Christophe Doré, ancien grand reporter s’intéresse aux sujets environnementaux depuis le début des années 1990. Il a publié « La promesse des magiciens » aux éditions Belin, un livre dans lequel il met en avant des personnes qui œuvrent pour lutter contre le réchauffement climatique et la pollution et que nous pouvons aussi aider. Interview.
Bio à la une : Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de cet ouvrage ?
On entend trop souvent la litanie « si on ne fait rien, on va dans le mur ». Un matin en écoutant la radio, j’entends une personne prononcer cette phrase. Grâce à mon expérience de grand reporter, j’ai pu aller dans beaucoup d’endroits dans le monde et m’intéresser à ces sujets depuis le début des années 1990. A travers les différents reportages que j’ai fait, j’ai rencontré beaucoup de gens qui étaient dans l’action contre la déforestation, pour lutter contre l’avancée du désert, pour sauver les animaux, pour nettoyer les océans... Cette phrase m’insupporte donc au plus haut point car beaucoup de gens agissent. Il suffirait qu’on suive leur exemple et qu’on le multiplie pour qu’on commence à voir une solution.
Vous dites qu’il y a trois manières de réagir face au réchauffement climatique et la pollution : le déni, la résignation et l’action. Malgré le pessimisme ambiant, votre livre, lui, est résolument positif et prône l’action. Pourquoi ?
J’ai voulu faire un livre de didactique par l’exemplarité, être dans l’écologie de l’action et pas seulement dans un constat permanent de ce qui ne va pas. Même si on n’arrive pas à changer les choses, on peut au moins essayer. On ne va pas rester tétanisés à ne rien faire. Les dérèglements sont déjà constatés. On le voit à New Delhi, par exemple, où il fait 46° dans le centre-ville presque jour et nuit et où la pollution pèse. Il y a évidemment des gens qui sont en train d’en mourir aujourd’hui. Dire qu’il faut agir ce n’est pas nier le réel, au contraire. Plus on multiplie les actions pour empêcher que ce réchauffement climatique et ces pollutions nous écrasent, mieux c’est. On verra dans deux générations si notre travail a été efficient ou pas.
Juliette Duquesne, journaliste et créatrice des Carnets d’alerte, estime qu’il ne faut pas attendre d’innovation technologique miraculeuse pour résoudre nos problèmes et que l’on doit passer par une décroissance et une sobriété. Vous partagez cet avis ?
Je partage son raisonnement sur le fait qu’il n’y a pas une solution technologique miraculeuse. En revanche, il y a une multitude de solutions magiques si elles sont bien faites et additionnées. Ce qui provoque le réchauffement climatique, c’est le charbon, le pétrole et le gaz. Soit on renonce à ces énergies fossiles qui font tourner notre économie et qui ont permis de sortir environ la moitié de la planète de la pauvreté, soit on ralentit. Mais ce ne sont pas les pays développés qui vont le plus souffrir, ce sont ceux qui nous fournissent les matériaux dont on a besoin. L’idée de décroissance, c’est remettre 200 millions de chinois, 100 millions d’Indiens dans la pauvreté… Qu’on fasse un peu attention à ce qu’on fait, qu’on arrête de surconsommer des choses inutiles, qu’on lutte contre l’obsolescence programmée, oui mais la décroissance ne marche pas pour une grosse partie de la population mondiale.
Comment peut-on s’inspirer ou aider ces acteurs de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique ?
Les chapitres du livre sont classés par thème : replanter, faire reculer le désert, protéger les océans, repenser les villes pour qu’elles soient plus vivables… A la fin de chaque chapitre, je tenais à avoir un gros paragraphe pour montrer les solutions quand on n’est pas spécialiste mais que l’on souhaite s’investir : donner de notre temps à une association ; donner de l’argent ; et enfin expliquer car beaucoup d’idées fausses continuent d’être diffusées. Il y a de quoi faire et dans plein de domaines ! Je cite un certain nombre de structures qui sont sérieuses. Il faut aussi avoir une certaine forme de modestie car il y a des vraies techniques et connaissances. Souvent il vaut mieux arriver en second front et aider avec notre argent ou la parole plutôt que de vouloir faire les choses à la place des spécialistes même si ça part d’une bonne intention.
Chacun peut faire sa part en aidant les plus expérimentés...
Oui. Je peux paraître naïf mais j’ai rencontré plusieurs fois Pierre Rabhi qui est un monsieur que j’admirais beaucoup et l’idée du colibri, que chacun peut faire sa part et qu’on peut faire attention, j’y crois beaucoup. On ne va pas sauver le monde avec nos petites mains mais avec toutes les mains et tous les cerveaux qui se mettent en action, on peut y arriver. Le problème, c’est qu’on a passé beaucoup de temps à faire des rapports, ce qui était important. Désormais, il faut aller beaucoup plus vite en adoptant des petits changements et une certaine sobriété en attendant que les investissements plus considérables permettent de remplacer les énergies fossiles. Moins on va vite, plus de gens vont le payer. Heureusement, on est de plus en plus nombreux à savoir qu’il y a des solutions et qu’on peut agir.
Quelques initiatives accessibles
Agir pour les forêts
- La plateforme restor.eco apporte ses connaissances écologiques à ceux qui veulent restaurer et conserver les écosystèmes naturels (scientifiques, ONG, entreprises, gouvernements...). A terme, elle doit permettre de connaître ce qui se fait en la matière à l’échelle mondiale, où et comment.
- Faire un marathon vert : pour chaque kilomètre que vous parcourez, un arbre est planté.
- Aider des associations qui plantent des arbres comme l’association Planteurs volontaires dans la région de Lille.
- Treedom, depuis sa création en 2010 à Florence, a permis de planter plus de 3 millions d’arbres en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Italie. Le site permet de faire planter un arbre à distance par un agriculteur local et de suivre l’histoire du projet.
- Betterglobe, une entreprise d’origine kenyane, propose d’investir dans des arbres dans les zones semi-désertiques d’Afrique.
Agir pour la mer
- La pollution maritime est souvent liée à nos modes de vie. Éviter de faire du scooter des mers et des activités nautiques tractées par des bateaux au moteur puissant limite la pollution et les nuisances sonores pour la faune et la flore marine.
- Ne rien laisser derrière soi après avoir pique-niqué sur la plage, y compris les mégots de cigarette. En Méditerranée, Christophe Doré écrit que les mégots et filtres de cigarette représenteraient 40 % des déchets en mer.
- La Fondation de la mer, en France, sélectionne des projets sérieux allant de la protection de la mangrove à celle du corail en passant par la lutte contre la pollution plastique. Sur son site, vous trouverez ces initiatives auxquelles vous pouvez contribuer en donnant de l’argent ou vous engageant (collecter les déchets, être ambassadeur dans les écoles…).
Agir pour les animaux
- Les oiseaux sont menacés. La pie-grièche à poitrine rose compte trente à quarante couples dans une zone réduite du Sud de la France alors qu’elle était présente jusqu’en Île-de-France autrefois. Chacun peut installer des mangeoires et nichoirs et mettre une clochette autour du cou de son chat pour permettre aux oiseaux de l’entendre arriver. Un chat domestique tue 5 à 10 oiseaux chaque année.
- Pour les insectes, on peut utiliser des répulsifs naturels, des moustiquaires au lieu des insecticides.
- Il est possible de donner de son temps en allant sur des sites comme cybelleplanete.org qui recensent des listes d’associations, de fédérations et ONG. Il est aussi possible de signer les pétitions en ligne d’associations internationales comme Greenpeace ou WWF ou de leur faire des dons.