Comment gérer la faim au moment de l'inter-saison ?
Les jours raccourcissent, sont moins lumineux, le froid pointe le bout de son nez et… vous ressentez une faim de loup ! Pourquoi ? Quels mécanismes se cachent derrière ce phénomène ? Mais surtout comment faire afin de ne pas voir l’aiguille pencher un peu trop du côté droit de la balance !
« Il fait froid, le corps a besoin de plus d’énergie ! ». Qui n’a jamais entendu ce postulat - très déculpabilisant - qui justifie sans détour qu’en hiver, il faut manger plus. D’ailleurs à la télé, les publicités pour les raclettes, tartiflettes, défilent sous nos yeux et les produits de saison mis en avant par les hypermarchés sont sans surprises les plus caloriques. Mais est-ce vraiment justifié ?
Un réel besoin énergique ?
Parlons un peu science et thermorégulation pour expliquer « Il fait froid, le corps a besoin de plus d’énergie ! ». Nous sommes des « homéothermes », des êtres à température régulée. Notre température centrale reste constante. Elle est de l’ordre de 37°C et correspond aux conditions optimales pour le bon fonctionnement de notre organisme (les réactions enzymatiques et l’activation des principaux mécanismes intracellulaires ont lieu autour de 37°C). La peau et des tissus sous-cutanés ont une température entre 10 et 40°C, selon la température extérieure.
La thermorégulation représente l’ensemble des processus nous permettant de maintenir notre température centrale à 37°C, quelles que soient les conditions, notamment la température extérieure. C’est grâce à notre système vasculaire que sont permis des échanges rapides d’énergie et de température. Il faut coûte que coûte, un équilibre entre les quantités de chaleur produite et reçue et la quantité de chaleur perdue. Lorsqu’il fait froid, notre corps a ainsi besoin de plus d’énergie pour maintenir ces fameux 37°C. Et pour récupérer de l’énergie, le cerveau nous envoie des signaux de faim et en toute logique, manger plus devrait nous permettre de récupérer de l’énergie pour lutter contre le froid. Sauf que si ce discours était jadis recevable, il ne l’est plus aujourd’hui pour la plus grande majorité d’entre nous. Nous n’affrontons plus le froid ! Nos maisons sont chauffées, nous nous couvrons de la tête aux pieds avec des vêtements chauds, nous circulons en voiture, bus, métro, tous chauffés, et notre vie au plein air est parfois anecdotique. Mangez plus n’est donc pas nécessaire ! Mais alors d’où vient cette faim ?
Deux mécanismes en jeu pour justifier la faim
Le premier mécanisme est relatif à notre « mémoire cellulaire ». Nos ancêtres, qui n’avaient pas des conditions de vie similaires aux nôtres, devaient augmenter leurs apports énergétiques pour survivre au froid. Manger plus leur permettait de se constituer une réserve d’énergie mais aussi une couche de gras isolante, leur permettant le maintien de leur température centrale de 37°C et donc de vivre. Ils nous ont transmis en héritage des signaux de faim, correspondants à ce besoin de manger plus. Mais rassurez-vous, vous pouvez l’abandonner. C’est un héritage non pas génétique mais épigénétique (de la manière dont les gènes sont utilisés). En cessant de se « laisser-aller » à cette faim héritée, nous avons le pouvoir de la faire taire. Nous ne pouvons certes pas modifier nos gènes, mais nous pouvons modifier la manière dont ils sont utilisés avec nos règles de vie !
Le second mécanisme : nous avons envie de nous « coucouner ». C’est un besoin non pas physiologique mais bien psychologique. Notre moral est mis en berne par le manque de lumière, le train-train quotidien, alors nous avons tendance à chercher du réconfort dans ce qui peut être à portée de main, tout au long de la journée. L’alimentation devient un doudou.
6 astuces pour faire taire cette faim hivernale.
Elles sont toutes très faciles à mettre en pratique et efficaces.
- Évitez de générer de la faim en respectant les besoins naturels du corps au bon moment de la journée. Mangez plus gras et protéiné en début de journée, faites un dîner plus léger. Petit-déjeunez avec des œufs, ou un muesli fait maison à base d’oléagineux comme des amandes, des noix, des noisettes (qui sont grasses et protéinées). Au déjeuner mangez une belle part de viande ou poisson ou substitut végétal tel du tempeh, avec des légumes généreusement cuisinés. Le soir, une bonne soupe de légumes hivernale peut faire l’affaire.
- Vos repas doivent être bons. Cuisinez, variez les saveurs. Derrière le plaisir gustatif se cache une certaine satiété et moins de grignotages.
- Ne surconsommez pas de sucre, de pain ou de féculents. Ils vont peut-être vous donner une impression de satiété sur le moment mais ils vont surtout générer le yoyo à votre glycémie : pic et chute inévitable de glycémie ensuite plusieurs fois par jour. Pour le coup, votre cerveau vous enverra des signaux de faim, d’envie de sucre, pour vite faire remonter votre glycémie.
- A partir de 16h, le dîner qui suit le retour de travail, la soirée sur le canapé, sont des moments « critiques ». Pour mieux les gérer, prenez un supplément nutritionnel à base de tryptophane. A 16h et 19h par exemple. Ce sont des gélules qui contiennent aussi des vitamines B et du magnésium pour une bonne synthèse de sérotonine, l’hormone du bien-être et de l’apaisement. Cela a pour effet de calmer la faim émotionnelle.
- En cas de forte envie de sucre, ouvrez une gélule de gymnéma sur la langue et répartissez son contenu sur votre langue, votre palais. Attendez quelques secondes et recrachez ou avalez. Cela va anesthésier votre palais au goût sucré pour deux à trois heures. Aucun aliment sucré ne trouvera grâce à vos yeux. Idéal si une envie de sucre vous prend à l’heure du goûter ou le soir en regardant la télé.
- Pensez aux boissons doudous qui font du bien sans faire monter l’aiguille sur la balance. Préparez-vous un thermos de thé ou tisane « grand cru » que vous aurez achetés dans une boutique spécialisée. Vous pourrez déguster ce breuvage bon et réconfortant tout au long de la journée. A savoir, les infusions de cannelle apaisent les envies de sucre. Et si le côté salé vous fait craquer, buvez des bouillons miso ou des bouillons d’os qui, en plus d’être délicieux, boosteront votre immunité pour affronter l’hiver.
Petit clin d’œil, pour ceux cherchant à maigrir, au lieu de chercher à combattre le froid en mangeant plus, affrontez-le ! Notre tissu adipeux est fait de graisses blanches et de graisses brunes, qui ne « fondent » ni de la même façon, ni avec les mêmes moyens. La blanche fond plus difficilement, en produisant de l’énergie cellulaire grâce au sport et aux règles diététiques, la brune fond plus facilement en fabricant de la chaleur lorsqu’elle est stimulée par le froid. Cela est dû à ses particularités physiologiques : elle est plus vascularisée et riche en « petites fournaises », les mitochondries. Des études ont prouvé qu’une température environnante inférieure à 20°C, permet d’activer ces fournaises, qui brûlent littéralement leur propre contenu en graisse pour garder l’organisme au chaud1. La quantité de graisse brune diffère d’un individu à l’autre, le résultat sur la balance diffère aussi selon des chercheurs qui ont exposé des jeunes hommes durant 2 heures à un environnement de 19 ° C. Bien que la combustion des calories ait augmenté chez tous, l'effet était trois fois plus important chez ceux ayant plus de graisse brune2. La bonne nouvelle est que la graisse blanche peut significativement se transformer graisse brune sous l’action d’une hormone, appelée irisine, avec une exposition au froid régulière. Cette dernière est produite par les muscles lorsque vous frissonnez ou faites du sport. 10 à 15 minutes de frissons engendre autant d’irisine qu’une heure de vélo ! 3
- 1. Denis P. Blondin et al. Inhibition of Intracellular Triglyceride Lipolysis Suppresses Cold-Induced Brown Adipose Tissue Metabolism and Increases Shivering in Humans. Cell Volume 25, Issue 2, p438–447, 7 February 2017
- 2. Takeshi Yoneshiro et al. Recruited brown adipose tissue as an antiobesity agent in humansJ Clin Invest. 2013 Aug 1; 123(8): 3404–3408. doi: 10.1172/JCI67803. PMCID: PMC3726164
- 3. Lee P et al. Irisin and FGF21 are cold-induced endocrine activators of brown fat function in humans. Cell Metab. 2014 Feb 4;19(2):302-9. doi: 10.1016/j.cmet.2013.12.017