Les TDAH chez les enfants
Trouble du neurodéveloppement, le TDAH (Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) apparaît généralement au début de la vie, et toucherait environ 5,9% des enfants d’âge scolaire, et 3% des adultes. Petit tour d’horizon d’une question plus riche qu’il n’y paraît, avec Ginevra Uguccioni, neuropsychologue et docteure en neuroscience.
Les symptômes du TDAH chez l’enfant
Pour comprendre les TDAH, il convient, en premier lieu, de savoir les définir. Et si les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité peuvent se manifester de différentes façons selon l’enfant concerné, certains symptômes restent des piliers sur lesquels on pourrait s’appuyer pour les définir.
Selon Ginevra Uguccioni, neuropsychologue et docteure en neuroscience, « les symptômes du TDAH chez l'enfant varient autour de 3 grands axes qui définissent également les différentes formes de TDAH ».
En premier lieu, la spécialiste évoque des difficultés d’attention, qui s’illustrent par des comportements concrets : « l'enfant apparaît rêveur, a du mal à se concentrer et a du mal à être sélectif dans son attention donc à sélectionner ce sur quoi porter son attention selon le contexte ».
Dans un deuxième temps, les TDAH chez l’enfant peuvent être définis par un symptôme facilement reconnaissable : l’hyperactivité. L’enfant bouge beaucoup, « et n’arrive pas à le contrôler. C’est comme si il en avait besoin, ne peut pas faire autrement ». Cela peut conduire l’enfant « à être maladroit car il tombe beaucoup ».
Enfin, les TDAH chez les enfants peuvent se manifester par une impulsivité « qui peut être verbale comme motrice (l’enfant coupe la parole, bavardage en classe, peu de filtres dans ce qu'il dit ou fait, il n'évalue pas les conséquences de ses gestes) »
Un enfant porteur de troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité peut donc réunir les troubles d’inattention, d’hyperactivité, ou encore des deux réunis. Mais à partir de quand les repérer ?
Quand les TDAH apparaissent-ils chez les enfants ?
Les symptômes des TDAH surviennent souvent avant l’âge de 12 ans et de façon persistante (plus de six mois), jusqu’à perturber l’apprentissage scolaire, ou d’autres pans de la vie de l’enfant. Pour Ginevra Uguccioni, « les critères doivent être présents dans au moins deux dimensions de la vie de l'enfant (école, maison, activités extra scolaires, etc..) » Par ailleurs, la spécialiste de nous préciser qu’« il y a des fluctuations dans la vie de l'enfant qui font que parfois les symptômes peuvent s'atténuer ou prendre moins de place dans son quotidien donc être moins envahissants ».
Il n’y a pourtant pas d’éléments concrets qui permettent de définir à quel âge exact ces troubles apparaissent. Selon la neuropsychologue et docteure en neuroscience, le TDAH possède des subtilité puisqu’il s’agit d’ « un trouble d'origine neurologique qui est présent depuis la naissance (je dirais même du foetus). Les symptômes peuvent être "cachés" au départ, moins visibles ou difficilement détectables selon les contextes (parents ou entourage non connaisseurs du sujet, etc..) »
De plus, si le TDAH évolue avec l’âge, il ne disparaît jamais. Selon la spécialiste, « avec l'âge adulte, les symptômes liés à l'hyperactivité s'atténuent alors que l'impulsivité et le trouble de l'attention restent. Apparaît en revanche une certaine désorganisation dans les tâches à exécuter, des difficultés d'inhibition et de flexibilité mentale (des difficultés qui sont plutôt de l'ordre de la sphère dysexécutive) ».
Un sujet capital, qui se doit alors d’être détecté au mieux dès les premiers signes.
L’importance de l’entourage pour diagnostiquer un TDAH
Si tout enfant peut, occasionnellement, manifester ce que l'on pourrait relier à des TDAH, les critères évoqués permettent de les rendre plus concrets pour la famille ou les proches. C’est la raison pour laquelle l’entourage a une place capitale dans le diagnostic. Pour Ginevra Uguccioni, « plus l'entourage est connaisseur de ce trouble plus l'enfant va être diagnostiqué précocement et ceci favorisera une prise en charge réussie ».
Cela concerne, bien évidemment, les parents, mais aussi les professeurs, pour qui la formation semble essentielle. Car comme le précise Ginevra Uguccioni, « étiqueter un enfant comme turbulent ou en le dévalorisant en notant qu'il "n'écoute pas en classe" alors qu'il a un TDAH est une erreur qui peut avoir de grandes conséquences sur l’enfant. »
Mais alors si un doute plane quant aux troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité d’un enfant, comment réagir ? Vers qui se tourner pour effectuer un diagnostic ?
TDAH : chez qui effectuer un diagnostic ?
Plus que jamais, pour les TDAH, il est capital qu’un œil spécialiste soit posé, à travers un diagnostic. Tout ceci, malgré la certitude d’un entourage, dont l’intérêt ne sera que d’alerter, que de poser les premières suspicions. Une première étape consiste à consulter un pédopsychiatre qui donnera son avis et posera le diagnostic suite à plusieurs entretiens cliniques (observation, questionnement de l’entourage, etc.).
Si le TDAH se confirme, « un rendez-vous avec un neuropsychologue est essentiel, afin d'effectuer une batterie de tests spécifiques évaluant les fonctions cognitives impliquées dans le TDAH (bilan de QI avec la WISC V [test d'intelligence pour enfants et adolescents]; utilisation de différentes échelles selon les professionnels : NEPSY; TEA-CH, etc..) et d'éliminer la présence d'autres troubles éventuellement associés ».
Enfin, la neuropsychologue et docteure en neuroscience de nous préciser que « d'autres figures professionnelles pourront intervenir ensuite mais dans la prise en charge et non dans le diagnostic ».
Et si le TDAH ne peut être prévenu (puisqu’il est d’origine génétique), il y a « cependant de plus en plus d'études se concentrent sur les facteurs de risques environnementaux pouvant avoir un lien avec le TDAH et donc pouvant agir sur la réduction du risque d'apparition mais ce n'est pas un lien de causalité. Parmi ceux-ci on retrouve des carences nutritionnelles comme notamment une carence en vitamine B chez la femme enceinte, des troubles liés a la thyroïde chez la femme enceinte ou un HTA. Ses carences affectives dans la toute petite enfance seraient également en cause, ou encore des traumas, ou plus généralement des facteurs de stress. »
Tout ceci n’est pas d'abord sans nous faire comprendre que la présence de l’entourage est fondamentale, afin d’éclairer au mieux ces troubles dès les premiers signes chez l’enfant.