Alimentation de bébé : qu’est-ce que la diversification menée par l’enfant (DME) ?
Et si vous oubliiez l’étape des purées pour entamer la diversification alimentaire de bébé ? C’est le parti pris par la diversification menée par l’enfant (DME) qui consiste, à partir de 6 mois, à laisser l’enfant manger par lui-même des aliments solides. Explications avec Christine Zalejski, la spécialiste de la question en France.
La diversification alimentaire est une étape importante dans la construction du goût chez l’enfant et dans son développement. Elle consiste à introduire progressivement divers types d’aliments pour l’alimenter et répondre à ses besoins nutritionnels. La diversification menée par l’enfant (DME) - ou « diversification autonome de bébé » ou « baby led weaning » en anglais - est une approche qui diffère de la diversification alimentaire classique. "Elle a été mise en avant par Gill Rapley en Angleterre, pionnière sur le sujet. La DME semble pourtant être le plus ancien mode de diversification alimentaire que de nombreux peuples sur Terre pratiquent encore", explique Christine Zalejski, formatrice en alimentation infantile, fondatrice de Cubes & Petits pois et auteure du premier livre en France sur cette pratique « Bébé mange tout seul » (éd. Larousse). Un prochain intitulé « Le Grand Livre de la DME » (éd. Thierry Souccar) est prévu pour juillet.
La DME repose sur deux grands principes : ici pas de purée ou de bouillie, les aliments proposés à bébé, qu’ils soient crus ou cuits, sont solides. Par ailleurs, c’est le petit qui s’alimente par lui-même, en fonction de ses aptitudes psychomotrices. Les parents n’interviennent pas dans la prise alimentaire.
La DME : comment ça marche ?
Si la diversification alimentaire classique est conseillée entre 4 et 6 mois, avec la DME il faut patienter un peu et la débuter à partir de 6 mois. "Elle ne démarre jamais avant car le bébé n’a pas encore une posture droite adéquate. Il possède encore un réflexe d’extrusion très marqué et son habileté psychomotrice est encore immature. En débutant à 6 mois, les recommandations sont respectées", assure la spécialiste.
On commence principalement par les légumes et les fruits pour proposer assez rapidement les autres familles d’aliments. L’ordre d’introduction est plus lié aux textures, aux formes des aliments cuits ou crus. Les morceaux font idéalement la taille du poing pour que bébé les saisisse plus facilement. Ensuite, libre à lui de toucher ces aliments, les sentir, les goûter et de décider ou non de les manger.
En parallèle, comme n’importe quel bébé suivant une diversification alimentaire classique, il continue d’avoir du lait pour couvrir ses besoins nutritionnels.
Motricité, développement du goût, gain de temps… : les avantages de la DME
La DME présente des intérêts multiples. Du côté de bébé, elle permet un développement moteur rapide, un apprentissage des aliments par l’expérience de la mastication et du toucher. Il découvre ainsi efficacement les goûts et les textures en perfectionnant sa coordination œil/main/bouche. Cela favorise en même temps son autonomie et son estime de soi. "En s’alimentant seul, le bébé reste à l’écoute de son corps, de sa satiété et mange à son rythme. Il est aussi fier de lui lorsqu’il arrive à faire les choses en toute autonomie", explique Christine Zalejski.
Par ailleurs, celle-ci ajoute qu’à long terme ces petits seraient moins difficiles à table et auraient moins de néophobie alimentaire (refus de manger de nouveaux aliments). Le résultat, peut-être, d’une prise de position active et volontaire dans cet apprentissage.
Autre intérêt non négligeable, cette fois du côté des parents : le gain de temps. "Le bébé peut plus rapidement partager le repas familial en ayant un plat identique. Il n’y a pas besoin de préparer des petits pots spéciaux ce qui a un coût non négligeable. Les parents peuvent manger en même temps que bébé et n’ont pas besoin de l’alimenter", reconnaît ainsi la formatrice en alimentation infantile.
Des inconvénients aussi…
Comme dans toute chose, s’il y a de réels avantages à la DME, celle-ci comporte aussi quelques aspects qui peuvent rebuter. Ainsi, cette pratique réclame davantage de temps au début car bébé mange seul et à son rythme.
Par ailleurs, il n’est pas encore très habile de ses mains. Il risque donc de mettre un peu de nourriture partout, d’occasionner du gaspillage. Ceci étant, quand bébé apprend à manger par lui-même avec sa cuillère, ce problème existe aussi.
Autre bémol, si vous commencez cette approche à la maison, il n’est pas dit que votre nounou ou la crèche connaissent cette pratique, y soient formées et souhaitent poursuivre ce que vous avez mis en place.
Enfin, le fait de donner des aliments solides peut faire craindre une fausse route lorsque bébé mange. Christine Zalejski se veut rassurante : "à l’heure actuelle, les premières études scientifiques ne montrent pas d’étouffement plus nombreux dans le cas de la DME par rapport à la diversification alimentaire classique. Il ne faut pas perdre de vue que les bébés ont un réflexe naturel permettant facilement d’éjecter les aliments qui n’auraient pas la bonne forme pour être déglutis". Cela n’empêche pas de rester à côté de son bébé pendant qu’il s’alimente, de veiller sur lui, de lui expliquer et nommer ce qu’il mange pour une découverte encore plus profitable.
Envie de vous lancer ?
Si la diversification menée par l’enfant vous tente, assurez-vous que votre bébé et vous vous sentez prêts pour débuter. Ensuite, même si vous en avez envie, l’experte assure qu’il ne faut surtout pas porter les aliments à la bouche de bébé mais le laisser faire en toute confiance. Et enfin, pour mettre toutes les chances de votre côté, respectez le rythme de votre bébé, proposez-lui des aliments de qualité, de préférence bio, et adaptés. Il devrait alors retirer tous les bienfaits de cette pratique.